samedi 4 janvier 2014

Rencontres.

Et l'autre porte une paire de baskets pourries certainement achetées chez celio avec cet immonde petit "baise en ville" que tous les tocards qui n'ont pas de personnalité ont acheté à un moment ou a un autre en se disant "il est pratique ce petit sac".
Ah ça oui il est pratique mais il est horrible et il te donne une touche d'allemand en vacance.
Manque plus qu'il porte sur une seconde photo une paire de lunettes aussi merdique que ses autres accessoires et s'en est fini de sa candidature.
Vous faites résolument et définitivement glisser sa candidature sur la gauche de votre écran.

L'autre s'appelle kiki.
Ce connard pose avec son chien (probablement celui de sa daronne en train de se faire les ongles des pieds devant ce croquemort de julien Lepers, en bas, sur la table du salon).
Bref, ce trou du cul a sûrement dû se dire à un moment ou à un autre qu'il allait, je cite, "toutes se les fourrer" avec sa pause photo digne d'un rush condamné de 30 millions d'amis avec en arrière plan sa chambre d'ado qui sens le petit garçon mal lave à travers l'écran.
Une pute de larme coule sur votre joue gauche, mais vous êtes bien plus forte que ça. Bien plus solide.
Vous atomisez sa photo de petit connard et cherchez autour de vous de quoi vous soulager, mais rien. Juste votre appartement de branleuse parisienne trop bien rangé et dégueulant de nouvelles technologies que vous savez à peine utiliser, qu'importe ce qui compte c'est bien de posséder non?

Vous n'êtes pas fumeuse pourtant, mais vous tailladeriez bien volontiers au cuter rouillé votre pull cachemire de chez maje pour une gauloise sans filtre. Vous en fumeriez bien quinze et attendriez bien volontiers que la fumée vous fasse mal à vomir et jaunisse tout votre appart bien trop propre, mais pas de gauloise. Juste une théière bodum, achetée trop chère, oū infuse tranquillement votre "thé preféré" détox que vous sirotez apparemment tranquillement.

Autour de vous l'appartement est calme. Kiki a disparu de votre écran, et Sony 37 vient d'y faire son apparition. Pas beaucoup plus brillant.

Vous faites astucieusement disparaître une autre goutte de flotte de vos joue d'un revers de main grasse de la galette des rois trop cuite que vous êtes en train de vous enfiler seule.
Pas la peine de parler de Sony 37, trop gros muscles, ni de Seb et de ses photos de fanfarons sur une quelconque plage espagnole, encore moins de Romain qui propose un très très gros plan de son visage de chien truffier qui vomit des pores dilatés.
Plus les photos passent et plus vous pourriez devenir mauvaise, sans doutes l'êtes vous déjà...
Vous fermez votre Mac book pro, lui aussi luisant, victime de l'action répétée de vos petits doigts boudinés sur le clavier.
Vous auriez envie de vous faire du mal comme de bouffer tous les yaourts périmés de votre frigo, snifer votre spray d'huiles essentielles, fumer vos barrettes d'encens boliviens (sait on jamais) mais rien n'y fait. Tout est calme.

Thaishi, quel nom d'emprunt, bref, Thaishi, avec qui vous avez "matché" (ça veut dire qu'il vous trouve pas trop moche et que vous le trouvez presque potable) vous tient le crachoir.
Une petite phrase choc et bien vulgaire, c'est votre technique pour voir si votre adversaire n'est pas trop con. Vous attendez sa réaction. Il est drôle, ça vous fait sourire. Vous oublieriez presque votre envie de vous arracher les tripes tellement vous êtes triste l'espace d'une seconde.
Seconde phrase où vous descendez au AK 47 ses photos de profil... Il rit, vous riez aussi.
L'enfant, étouffée sous 30 matelas de désillusion, et qui sommeille encore en vous a alors presque envie de croire que les hommes ne sont peut être pas tous des pourris sans excroissances entre les jambes et vous vous mettez à dialoguer avec l'inconnu sans plus de peur ni d'aprioris.

Quelques phrases plus tard l'homme vous propose l'inévitable rencontre. Vous êtes déçue d'une issue aussi prévisible et néanmoins logique. Vous acceptez sans trop savoir pourquoi, ou sans doutes pour vous punir de ne pas aimer les bonnes personnes.
Il vous renvoie quelques messages durant la soirée comme l'enfant craignant que son canari anémique de chez Truffaut puisse s'échapper de la cage qui est en train de fomenter autour de vous.
Vous répondez le cœur ailleurs tout en espérant qu'il ne vienne pas.
Il viendra.
Il vient.
Il arrive.
Il est la.
Venu vous chercher.

Il vous fait signe depuis sa bagnole. Vous l'approchez. Comme à chaque fois, parce que vous avez ce foutu truc en vous, vous vous approchez en espérant, en croyant même.
Il vous sourit a son tour. Puis détache sa ceinture, ouvre la porte de sa "Mini Austin" (indice avant coureur) et saute de son siège tel le clown à ressort est éjecté de sa boîte de carton.
Et la c'est le drame.
Vous pourriez chialer mais finalement vous vous mordez les lèvres pour ne pas hurler de rire tellement la situation est ridicule.
Un court silence s'installe et, lui comme vous, êtes en train de réaliser l'impossibilité d'une quelconque suite.
L'homme face à vous doit tout au plus mesurer 1m50 (si l'on compte les 4 bons centimètres de cheveux en bataille), alors que vous en mesurer 30 de plus que lui.
Vous bredouillez une excuse aussi merdique que votre comportement face à un type qui sans nul doute était quelqu'un de bien pour une fois.
Vous fuyez tiraillée entre le désir d'appeler un pote pour rire de vous et de votre insatiable désir de trouver quelqu'un qui prendra soin de vous et celui de pleurer de construire seule.

Message.
L'homme vous souhaite la bonne nuit parce que malgré l'odeur des huit heures de restauration sur votre chemise de tissus synthétique et votre frange qui colle à votre front huileux ce nain charmant a su voir ce que celui que vous aimez ne voit pas. Vous effacer votre profil de ce site de rencontre merdique. Envoyez un message de désespoir à votre plan cul qui bien évidemment ne vous répondra pas et filez vous coucher... Seule.
Bonne nuit.
Rideau.

lundi 23 juillet 2012

Productivité.

Dans le menu déroulant des "récent activy" dont la moitié des actions perpétrées est au moins aussi intéressante que de savoir quel est le pourcentage de thon dans une boite whiskas, il est écrit que Jennifer "likes" la chanson de Warren "Sans parler". Et bah, nous voilà bien.

Intriguée par cette étrange et insipide nouvelle, vous cliquez sur sa tronche de prostituée bulgare et vous mettez à éplucher méticuleusement son profil Facebook. Une véritable poubelle, ou une mine d'or. Au choix.
Vous plongez donc dans les méandres de l'activité virtuelle de celle qui n'était pas votre amie au CE1 et que vous n'avez jamais revu depuis.
La petite fille qui était avec vous en classe à bien changé, et il ne fait aucun doute que la découverte d'une sexualité délurée lui a ouvert les portes d'un univers tout à fait, comment dire, particulier....
Mais continuons l'exploration...

Commençons par les photos. Garce que vous êtes, vous trépignez, le doigts trempé de sueur, et la tempe moite tellement la galerie qui s'offre à vous vous promet au bas mot 1 heure de franche rigolade.

Vous optez, après une réflexion intense pour l'album poétiquement nommé "Anniversaire Mamie, 86 ans", tout un programme.
Le panel de photos à dominante de verte divulgue ses premières merveilles.
Au cas où l'on n'aurait pas compris, au vu du titre de l'album, le gâteau est photographié en méga gros plan avec, pour la mère-grand, au cas où elle aurait oublié qu'elle sent le sapin, une petite étiquette rabougrie en amande où il est maladroitement écrit au stylo Nutella "Anniversaire mamie 86 ans"

C'est à ce moment là que l'on fait deux constatations:
-La première l'auteur de l'album, la fameuse Jennifer, n'est pas allée chercher au Burundi le titre de son album, et que si, par malheur, elle se mettait à chanter, elle serait foutue d'appeler son album "Je chante sur un disque".
-La seconde, est que, si l'on a pas encore compris que mamie souffle ses 86 balais, c'est que l'on est autiste au dernier degrés, et la meilleure des solutions reste encore de se supprimer pour le bonheur des gens alentour.

Passées ces réflexions philosophiques, et l'album épluché où l'on voit successivement le gâteau, mamie avec le gâteau, mamie qui souffle sur les bougies qui sont sur le gâteau (oui, vous n'êtes pas au courant? C'est les 86 boules de mamie), vous avez ensuite droit à des vues en extérieur, sur un jardin vraisemblablement rasé de près où, au beau milieu, non non, ne coule pas une rivière, mais où trône crâneusement une balançoire, non sellée, achetée pour "les p'tits enfants" chez Auchan.
L'objet, où il devrait y avoir écrit dessus "grimpe sur moi pour te casser la gueule" assurera surement à toute la petite smala une chic fin d'après midi aux urgences pour un peu d'exotisme, histoire d'aller y faire soigner le petit Jordan, qui, se prenant pour Superman, aura vraiment cru pouvoir s'envoler de cette fête d'anniversaire merdique.
Et ce malgré les recommandations de pépé gueulant, l'haleine chargée de vouvray pétillant à qui veux l'entendre que "le p'tit con va se faire mal".

Ahhhhhh la chanson de Warren est enfin terminée. Un chef d'oeuvre. Le type chante quand même du zouk déguisé en touareg en plein milieu du désert...
Vous choisissez de vous cogner maintenant l'avant dernière chanson postée sur son mur: Chico et The Gipsies avec, je vous le donne en mille, Patric Fiori... De pire en pire.
Jennyfer met en commentaire "Je Kiffe à fond les Gypsie King". Et si Jennyfer "Likes" vous ne pouvez que "Liker" aussi nan, vu que vous êtes "Friends".
Vous êtes quand même légèrement en train de vous demander pourquoi vous vous infligez ça... Bref.
La chanson déroule son fil excrémentiel et vous continuez à jouer les chiens truffier dans sa galerie de photos...

Le gâteau, la balançoire et les restes de mamie, c'est fait, allons ouvrir l'autre boite de pandore de son profil, l'album pompeusement nommé "Moi", rien que ça...

Seulement 182 photos où l'on voit Jennifer de face, Jennifer de profil, Jennifer de l'autre profil. Sale garce, vous me direz (et ce n'est pas faux) toi aussi tu as un album de "profil pictures" où l'on voit ton grand nez sous toutes ses coutures.
Oui mais, contrairement à votre album, toute la subtilité chez Jennifer c'est que d'une photo à l'autre, la coupe change, certes, mais pas les fringues. Jennyfer se serait donc tiré 182 fois le portrait dans la même soirée.. Sale histoire...

A se demander si l'autre drogué de Franck Provost n'est pas dans le coup à se taper des traces entre deux coupes arborée par la nymphe de Joué-Lès-Tours sur fond de tapisserie rose bonbon.
Du plus bel effet.

Bref, votre dévolu se porte sur une photo où Jennifer se force à creuser ses joues et à mimer la tête de la meuf de Donald Duck.
Elle doit surement trouver ça sexy pendant que son pauvre bras gauche attend patiemment la délivrance du déclic de l'appareil photo numérique, cadeau de fiançailles de son manutentionnaire de mari Frédérique (tribalement tatoué sur l'épaule gauche. On peut d'ailleurs l'observer sur la 12ème photo de l'album "Après midi piscine du lac") .

Mais revenons à Jennifer.
La photo que vous avez choisi pour y jeter votre venin a d’intérêt qu'elle nous présente une Jennifer, à peine plus pomponnée qu'une Lamborghini volée, dans ce qui semble être le salon.
La tenue arborée est une sorte de guêpière portée sur un jean patte d'éph et un t-shirt rose assorti au doux coloris de la tapisserie.
La coiffure, merci Franck, une queue de cheval archie tirée, à tel point qu'on est à la limite du lifting, et qui laisse s’évader trois quatre mèches, finement retravaillées à la laque "effet carton", qui tombent tristement sur le petit front. Y'a pas à dire du travail d’artiste.
Le maquillage est un discret rappel des teintes de la tapisserie et du t-shirt. Ainsi la femme et son environnement ne font plus qu'un.
Vous décidez de "Liker" cette photo, et de mettre un commentaire. Vous optez pour un sobre "Jolie photo". Et, salope que vous êtes, envoyez, morte de rire, 14 textos à votre meilleure pote qui a, elle aussi, Jennifer dans ses "Friends" et qui va, en toute bonne camarade, s'empresser d'aller mater les dits albums et la dite photo.

Puis vous continuer votre fouille dans les sphères numériques de celle que vous ne connaissez pas mais que vous moquez tant et finissez l’épluchage de l'encyclopédie "profil picture".
Une quête des plus inintéressantes qui n'aura eu d'unique intérêt que de dévoiler Jennifer sous toutes ses plus belles coutures, "posée" tel un vase Ming devant le magnifique meuble TV-Bar de chez But en contre plaqué laqué noir avec des coupes et des tronches dignes de la série de cartes des crados de votre petite enfance.
Alors que vous vous apprêtez à ouvrir l'album "Chez la frangine", qui ressemble à s'y méprendre à celui de mamie, vous êtes sapée en plein élan par Jennifer elle-même qui poste une nouvelle série de chefs-d’œuvre numériques.

Un nouvel album au doux nom de " Mathys, né le 7.08.2012" fait son apparition sur votre écran 21 pouces. Mais que peut bien contenir un album au nom si mystérieux....
Votre fouille ordurière vous conduit devant de mauvais clichés où un vilain petit bébé encore tout rouge des entrailles de sa génitrice se mange flash sur flash dans la gueule comme pour lui dire de retourner de là où il vient. Il gît sur sa mère qui, après 36heures de travail, sourit tristement à Jennifer qui, avec le même petit appareil photo diabolique, mitraille la vie qu'elle n'a pas.

Bref, à faire la fouille merde, vous en avez encore brulé un après-midi où vous n'avez absolument rien foutu, et vu qu'il est déjà 18h (c'est fou ce que les journées passent vite) il n'est même plus la peine de prendre votre douche, vous resterez donc en pyjama.
Vous chercherez du travail demain, puis de toutes façons, c'est l'été il n'y a pas de travail en ce moment. Vu que tout le monde est parti...

Les Gypsies Kings ne chantent plus et décidez de faire l'amour au silence.

Le menu des "recent activity" continue de décharger son contenu insipide. Vos petits yeux porcins épluchent les informations unes à une avec le même intérêt que vous auriez à lire Le Monde. Vous vous détestez.
Ce n'est pas les autres qui ont une vie de merde mais plutôt vous qui êtes assez stupide pour l'éplucher.

Ps. Les prénoms n'ont pas été changés. Tant qu'à être garce, autant l'être jusqu'au bout.

mercredi 29 février 2012

A table.

En train de vous débattre avec un morceau de saucisse de Strasbourg dont la peau d'un rouge criard n'a pas été ôtée.
A deux doigts de vous étouffer, vous avalez votre verre de flotte pour faire passer le bébé, comme vous aviez l'habitude de le faire à la table familiale des années auparavant quand votre mère avait la bonne idée de mettre des vermicelles dans la soupe de légumes...Vous haïssez les vermicelles dans la soupe de légumes...

Vous tentez, tremblante d'émotion d'avoir survécu, de terminer la salade huileuse aux pommes de terres et tomates hors saison dont le morceau de saucisse criminel fait partie, allant même jusqu'à pensez y ajouter une pointe de moutarde histoire de vraiment être sûre de crever sur le carrelage et de vous vider de vos entrailles.
Vous stoppez vos envies mortifères et essayez, tant bien que mal, de ramener votre attention sur votre interlocuteur, et replongez vos grandes oreilles dans sa logorrhée...

En face de vous, un adversaire redoutable.
84ans de mauvais caractère se dresse fragilement.
Il vous sourit malicieusement, parce qu'il sait qu'il a gagné la partie.
Il le sait depuis le moment où, un peu pétée, autour de la table familiale vous aviez déclaré:

-"Mais attend tonton, on habite à deux pas l'un d'l'autre (22 stations de métro et trois changements, c'est dire si vous étiez bourrée), si tu veux, je viens te voir une fois par semaine, ça ne me dérange ABSOLUMENT pas, au contraire ça me fait plaisir et ça te fera de la visite".
Sans doutes vous étiez vous dit que ce serait toujours un repas de gratté.
Quelle conne.
C'est dans des moments comme celui-ci que vous auriez aimé que votre langue reste collée à la vitre brulante du four quand vous étiez encore assez petite pour guetter la cuisson du gratin dauphinois bardé de crème de papa...

Depuis cette connerie monumentale, cet élan altruiste qui vous ressemble pourtant si peu, vous vous cognez tous les mardis deux heures de trajets pour aller ingérer un repas routier aux couleurs psychédéliques et discuter le bout de gras avec André (vous vous échinez à l'appeler DéDé, ce qui a pour effet immédiat de l’énerver, et, de le faire postillonner encore un peu plus).

Une sorte de rituel hebdomadaire auquel désormais, vous, comme lui, ne pouvez (ou ne voulez) plus échapper.

Ainsi, chaque mardi, à 12h30 tapantes, vous arrivez, l'eye-liner de traviole et le cheveux fou. Vous grimpez les six étages de l'immeuble super sécurisé, et atteignez la porte déjà entrouverte.
Il vous attends, et tel un tueur sanguinaire vous vous glissez silencieusement dans l'appartement. Mais ici pas de doutes, ce n'est pas vous qui allez avoir sa peau mais bien lui qui finit par avoir la vôtre...

Vous lui ramenez ses cannes, et vous vous assurez qu'il a bien glissé son portefeuille dans la poche intérieure de la petite veste mi-saison qui n'a pas dû voir un bain d'eau clair depuis un bail, et le poussez gentiment mais fermement vers la porte pour aller, en un quart d'heure de temps, au resto (ou plutôt à la cantine) qui est en face de son immeuble.
Votre calvaire commence, et le pire, c'est que vous êtes ravie de voir cette vieille fripouille...

Dans l’ascenseur s'en suivent généralement une ou deux réflexions sur votre coiffure:
-"y'a du vent aujourd'hui ou c'est que t'as pas fait d'effort!?"
La même chose sur votre tenue:
-"Ta mère le sait que tu sors comme ça!? Et elle dit rien? bah dis donc (balancé à voix basse entre son dentier et son menton qui pend)
Et enfin sur le maquillage dont l'effet est effectivement discutable.
-"OHHHHHHHHHH (bien bien appuyé) Et bah ça c'est un sacré rouge à lèvres, c'est pas bien beau..."
Encore une chance qu'il ne sache pas qu'il a coûté pas loin du prix de son déambulateur...

Arrivés péniblement à l'entrée du resto, où c'est tout juste si l'on ne vous déballe pas le tapis rouge et les colliers de fleurs pour vous remercier d'une assiduité si improbable, vous cherchez des yeux la patronne qui, généralement, se démarque d'une clientèle "tiercé, quarté, quinté plus" par une tenue que l'on pourrait qualifier de "olé olé" .
L'établissement aux teintes marron ose le pari d'un style "traditionnel/terroir" qui se veut d'influence multiple puisqu'il mélange assez maladroitement divers matériaux tels que le marbre, le liège, le skaï et la frisette (oui oui, un tel mélange est possible).

Après avoir dérangé environ 43 personnes pour faire zigzaguer tonton entre les tables avec ses quatre pieds fragiles, vous aboutissez non sans mal à votre table, qui, aussi absurde que cela puisse paraître, vous apparaît presque comme un eldorado.
Écrasée dans le vieux fauteuil capitonné dont le revêtement plastique vous colle aux cuisses vous pouvez enfin vous mettre en mode veille...
Le patron, un roux anorexique aux tatouages footballistiques sur l'avant bras vous énonce la farandole de mets auxquels vous allez être soumis et disparaît en "cuisine".

Assis l'un en face de l'autre, avec pour seuls obstacles entre vous et lui un demi de rouge et un tube de moutarde en plastique, vous disparaissez de la conversation, et votre adversaire devient alors votre dictateur, votre magnétophone, votre radio, et vous, son seul public...
Vous êtes dans l'ombre et vous n'avez plus rien d'autre à faire qu'écouter...tout en ingurgitant les "choses" que l'on vous présente dans de petites assiettes peu appétissantes...

Sa vessie a désormais décidé de vivre sa propre vie. Son menuisier lui tire 900balles pour un meuble où glisser les rouleaux de papier toilette. On lui a découvert un troisième ulcère a l'estomac. Il vient de prendre la décision de changer la climatisation (qu'il a déjà changé il y a deux ans). Il n'est pas content de la couleur de sa nouvelle salle de bain (que l'on pourrait qualifier de "bleu pingouin"). Il a de nouveau une infection urinaire, et avec force de détails vous raconte comment évolue son incontinence "à l'avant comme à l'arrière".

Vous repoussez l’assiette d'une bouillie pompeusement appelée "sauté de bœuf". Bizarrement, vous n'avez plus très faim...

Il a décidé de ne plus parler à sa sœur, qui, demeurant à 20 minutes de chez lui préfère "aller faire des courses plutôt que de venir le voir" (vous arriveriez presque à lui pardonner), alors il "l'emmerde", tout en n'oubliant pas de se resservir une rasade de rouge qui accompagne parfaitement ce qui vous est donné à "manger"...

Sa diabétologue est une "épicière" qu'il ne veut plus allez voir parce qu'elle lui prend trop cher, et son médecin généraliste "un con" qui lui a trouvé un troisième ulcère à l'estomac, ce qui pourrait, selon ses dires, expliquer que la nuit il a des douleurs dans le pied...
Vous vous gardez bien d'y trouver une explication logique...et le laissez continuer, tandis que vous vous bagarrez avec votre organisme, et en particulier votre glotte, qui refuse de faire passer la SUCCULENTE "tarte à l'ananas" du jour.
Par chance, tonton, qui n'a finalement pas le palais totalement brulé concède qu'elle est "dégueulasse" et vous n'êtes donc pas contrainte de la finir... Vous auriez presque envie de pleurer de bonheur.

Enfin, sur les états d'âme de sa vessie, vous "touillez" votre café, et pour la 300ème fois, il ronchonne parce que les patrons "ne sont pas foutus de mettre autre chose que des amendes chocolatées", qu'avec son dentier de travers, il ne peut pas croquer...
Vous souriez, et vous vous jetez dessus tel un chiot sur une tranche de lard, parce que c'est la seule chose digeste que l'on vous offre depuis le début de cette pitance...Et vous vous rendormez le temps que tonton finisse sur sa phrase fétiche en fin de repas: "Tu sais c'est pas facile hein".
Et vous d'acquiescer de la tête avec votre air le plus peiné qui soit alors que vous avez trois kilos de bouffe avariée dans le coffre.

Péniblement, vous vous levez, embêtez encore les quatre tables alentours pour laisser passer l'énergumène qui ronchonne une énième fois parce qu'il ne veut pas de votre aide et qu'il peut "tout à fait mettre sa veste tout seul" alors qu'il manque quatre fois de se manger le mur recouvert d'un joli crépis lui aussi marron.
A la caisse la tenancière vous sourit vulgairement avec l'espoir tentaculaire de vous revoir la semaine suivante et vous glisse un "merci beaucoup" quand elle entend la monnaie sonnante et trébuchante dont vous vous fendez pour le "service rapide et agréable" (c'est marqué sur un article jaunis à côté de la porte d'entrée).
Le retour se fait généralement rapidement et il vous parle déjà du film qu'il vous a préparé pour la suite du programme.
Aussi, quand vous vous asseyez à ses côtés sur le canapé défoncé vous savez déjà que la jeune fille va se faire trucider par son père et que ce dernier, poursuivit par la police va aller se réfugier dans un chalet à la montagne et que depuis ce nouveau QG il va perpétrer quatre autres meurtres avant de se faire intercepter par un commissaire zélé appelé Cody. Merci pour le suspense.

Aussi on comprend que le générique passé vous commenciez tranquillement une petite sieste, histoire de faire passer le bébé transgénique que vous avez dans le ventre.
Deux trois fois vous vous réveillerez tirée de votre bulle par votre oncle qui n'a visiblement rien compris à "qui a tué qui".
Bredouillant une réponse sans queue ni tête dans laquelle il semble trouver son compte vous retournez caliner morphée tandis que les images défilent.
Le film fini vous vous jetez sur votre Iphone pour recracher deux trois conneries volée sur le synopsis de wikipedia comme pour prouver que vous avez bien tout compris et suivi avec attention l'histoire.
André sourit et vous glisse un chevrotant "merci de ta visite, à mardi", tandis que vous tentez de rentrer dans votre veste trop petite.
Confidence pour confidence vous lui lancez un "merci à toi" d'une voix de petite fille, sur lequel vous refermez la porte, consciente que le temps qui passe fera de vous son orpheline.

Y'a pas a dire vous aimez les mardi, et, oui, vous aimez les vieux...

jeudi 16 février 2012

Côté pratique.

Vu que vous êtes officiellement chômeuse (non non, cela ne sert plus à rien de le nier, tout le monde est au courant), vous n'avez donc absolument plus rien à foutre, non seulement de vos journée, mais aussi de vos semaines...
Vu que vous n'avez donc plus rien à glander, vous vous êtes peu à peu créé de nouvelles occupations....
Vous qui étiez la pote pas vraiment regardante sur le ménage, vous êtes presque devenue maniaque...
Finis les petites miettes qui ornaient jadis durant des jours voire des semaines le tapis.
Il suffit qu'un con vienne péter son chips goût fromage/oignon ailleurs qu'au dessus de son petit sopalin, et la veine à côté de votre œil menace d'éclater.
Le coussin parfaitement placé sur le côté droit de votre canapé ne doit bouger sous aucun prétexte sous risque de menacer l'esthétique quasi parfait de votre petit salon de branleuse fauchée.
Désormais on pose son verre sur la table à la seule condition que ce dernier soit munis de son petit napperon de couleur (pour qu'il n'y ait pas de confusion entre les verres) histoire de, je vous cite, "ne pas abîmer la patine de ma table vintage" alors qu'elle est déjà défoncée.
Vous êtes gerbante.
Fini les pâtes trop cuites à cinq heures du mat en sortie de soirée pour vos 15 potes défoncés et échoués chez vous parce que c'est plus sympa de se finir tous ensemble.
La viande soule rentre désormais chez elle et vous ne les conviez que quand ils sont sobres, et ce pour "diner" autour d'un "bon bourguignon qui a mijoté trois heures" et ses "petits légumes". Vous êtes la reine des connes.

Désormais les cacahuètes sont dans des bols "maison du monde", les curly dans un petit plat ou des cerfs se font courser par des chasseurs avant de se faire butter, et les couverts viennent de chez Habitat. Le tout ayant été dégoté après 96heures de discussion sur "LE BON COIN" pour grappiller trois euros par-ci par-là à de pauvres vendeurs sans le sou.

En bref, vous êtes devenue une parfaite petite femme d’intérieur (d'ailleurs vous pensez sérieusement à l'achat d'un tablier...), allant même jusqu'à vous mettre en scène lors de l'arrivée de vos potes éreintés par une journée de boulot:

Vous
: "Ho, tu es déjà là!?" (ça fait trois heures que vous poireautez dans l'espoir qu'il se ramène en avance, et vous avez eu le temps de siffler plus de la moitié de la bouteille)
Lui: Bah on avait dit 20heures nan!?
Vous: Je ne sais plus, j'suis tellement prise en même temps, j'arrête pas de courir partout...

Une chance que personne ne vous demande ce que vous foutez de vos journées, parce qu'inutile de dire que vous seriez bien emmerdée pour répondre...

La koennigsbier à 8 euros les quarante canettes, a tiré sa révérence, et vous êtes maintenant "membre privilège" chez Nicolas, où c'est tout juste si l'on ne vous déroule pas le tapis rouge dès que vous en poussez la petite porte vitrée.
Les Mâcon, Bourgogne, Côte du Rhône village, et autres divins nectars n'ont plus de secret pour vous et vous allez jusqu'à vous aventurez à des "j'aimerai quelque chose de Métallique, ou quelque chose de Rond" au caviste qui vous regarde comme un clébard regard les restes secs de son Canigou de la veille...vous êtes ringarde.
La bière a fait place à du martini dans votre frigo et les petits suisses à des perle de lait noix de coco...

Même la BO de vos soirée à changée. Désormais, au moment de trinquer avec des verres à pieds qui coûtent plus qu'une épilation maillot vous glissez crâneusement un morceau de Jazz et faites semblant que ce n'était pas voulu.
Bientôt, si ça continue, chez vous, on écoutera du Brahms en bouffant de la biche fourrée aux marrons....Vous vous feriez vomir vous-même.

Bien sûre, l'histoire ne s'arrête évidemment pas là, puisque vous êtes également devenue la reine des gâteaux...
Non contente de n'avoir de cesse de vous empiffrer en mode Peggy la cochonne de mets salés, offrant des proportions tout à fait abracadabrantesques à votre corps, pour ne pas dire à votre arrière train, vous n'avez plus qu'une religion, celle de la pâtisserie.
Votre four est désormais votre meilleur ami, et à chaque fois que vous ouvrez, curieuse, cette malle aux trésors c'est pour en ressortir un nouveau gâteau toujours plus gros, toujours plus gras, avec un sourire aux lèvres qui ferait même peur à un petit enfant méchant...
A la manière de Gretelle, vous êtes en train de bouffer la baraque, sauf que vous endossez aussi le rôle de la sorcière...

Le temps, que vous avez maintenant en quantité gerbante vous crache en pleine gueule votre changement. Vous en avez tellement à bruler que vous êtes sur le point d'en devenir conne, chiante, et imbouffable, juste pour ne pas vous avouer que, non, vous ne supportez pas d'avoir du temps libre, et que oui, vous vous faites CHIER... Chier au point de vous sentir inutile...parfois...
A moins que cela ne s'appelle simplement vieillir...

samedi 28 janvier 2012

Concerto.

"Mademoiselle, au vu de votre absence lors de notre rendez-vous fixé à la date du 17 Janvier 2012, le service de pôle emploi se voit obligé de suspendre vos droits jusqu'à nouvel ordre.
Vous pouvez nous envoyer un courrier, expliquant les raisons de votre absence à ce premier rendez-vous, à l'adresse figurant au bas de ce courrier, ou vous présenter à l'agence dont vous dépendez, dans les 15 jours. Cordialement. L'équipe de Pôle Emploi."

Mal assise sur un siège gris rembourré d'une mousse défoncée, vous avez le pied qui irrémédiablement tape sur la plaque d'aggloméré du bureau de votre "interlocuteur".
Lui, votre interlocuteur, semble quelque peu agacé par ce mouvement pendulaire de votre membre sur son bureau, mais semble bien trop emmerdé par une défaillance technique de son petit bijou informatique qui, vu sa gueule, paraît remettre en cause sa vie entière.
Vous êtes en train de parier sur le côté de ses tempes qui verra perler la goute de sueur quand vous réalisez que vous avez au bout de vos pieds boudinés des bottines, éditions limitées toutes neuves, qui vous ont couté presque un RSA...Vous arrêter alors immédiatement votre ramdam, mais ce qui n'a pas DU TOUT l'air de calmer l"homme de l'autre côté du bureau, qui, imperturbable, s'échine à taper 75fois par seconde sur la touche ESC sans vouloir comprendre que ça ne résout absolument rien...
Vous vous apprêtez à lui hurler, avec votre haleine chargée du matin "Tu vas arrêter Abruti", quand vous vous dites que cette énergie là sera beaucoup mieux utilisée à l'emmerder lui, au moins autant qu'il vous emmerde....

Du coup vous remettez le couvert mais avec vos doigts cette fois-ci et commencer à taper de manière régulière sur le plateau du bureau avec vos petits ongles rouge sang.
Rien à cirer, votre vernis Séphora est, de toute façon, déjà foutu et vous allez vous faire un plaisir d'aller vous faire repeinturlurer les doigts (manquerait plus que vous le fassiez vous-même) une fois cet exquis rendez-vous terminé.
Parce qu'après tout à quoi ça sert le chômage si c'est pas fait pour se faire plaisir...

Le type tape toujours sur son clavier, tel un singe sur une noix de coco qui refuserait de s'ouvrir.

Vous ne contrôlez plus vos doigts qui entament des percussions dignes des plus grands musiciens africains, et ce, juste à côté du pot à crayons de monsieur.
Mais ce con à vraiment l'air perdu devant son écran 96 pouces, et l'appareil commence à méchamment rugir dans sa niche métallique.
Vous être en train d'envisager le pire: devoir passer plus d'un quart d'heure dans cet obscure petit bureau avec ce que l'on appelle pompeusement ici "votre conseiller". L'horreur.

Et là, le couperet tombe, Gérard Berges, votre "Conseiller", se lève maladroitement de son siège, et vous balance un peu gêné, "Je crois qu'il y a un petit soucis informatique, je vais aller chercher mon responsable".
Et bah voilà, c'est le pompon...

Non, il n'y a pas de soucis informatique, non, le responsable de votre conseiller ne travaille pas chez Darty, et non, et il ne pourra pas appuyer plus de fois que l'a fait son naze de collègue sur la touche ESC, et oui, vous allez clairement devoir brûler votre matinée ici.
Vous avez envie de chialer. Adieu manucure, shopping et cinéma, bonjour misère.

Du coup, vous reprenez votre concert pour chaussure droite sur le bureau.
Plus rien a foutre de votre pompe, plus qu'un objectif, se tirer de cet endroit maléfique.

Gérard et son supérieur s'acharnent sur le clavier usé qui menace de rendre l'âme et vous n'avez plus qu'à sortir votre téléphone, flambant neuf, pour aller glaner deux trois recettes à faire durant vos longues journées inoccupées...
Deux trois textos et une bonne dizaine de recettes enregistrées dans "votre sélection" plus tard, vous décidez de lever finalement les yeux vers vos deux informaticiens de génie...
De connivence derrière l'écran les deux conseillers vous regardent tout sourire.

"Vous êtes venue pour rien, votre dossier est à jour, vous auriez simplement dû nous appeler.
Ce courrier est un courrier automatique qui n'aurait jamais dû vous parvenir.
Vous pouvez y aller, bonne journée"

Un dernier coup de pied dans le bureau déjà branlant, vous prenez votre air "super énervé" (celui où vous soufflez à moitié et où vous marmonnez dans votre barbe des choses obscènes que vous n'auriez jamais les cacahuètes de dire tout haut), vous attrapez votre sac, et, en ultime signe de contestation, décidez de tourner les talons sans dire au revoir...

jeudi 15 décembre 2011

Tout va Bien, TOUT VA BIEN

Rasée de prêt, mais ça personne, ABSOLUMENT PERSONNE, ne le sait, vous vous déhanchez, à la limite de ce que vous permet l'apesanteur sans vous soucier de vos semelles qui ramassent toutes les saloperies du trottoir.
Le beauf aux cheveux gras qui vous siffle chaque matin et sur qui vous avez juste envie de déverser trois tonnes de purin vous paraît presque sympathique et OUI, aujourd'hui, vous le gratifiez d'un sourire presque sincère.

TOUT VA BIEN.

Arrivée dans votre rad quotidien, le journal est posé sur le zinc, et semble vous dire "prends moi je t'attendais".
Non, aujourd'hui vous n'attendrez pas trois quart d'heure que Enrique grosse moustache finisse de faire les mots fléchés (et les fasse mal en plus), et vous vous plongez directement dans les délicieuses pages brodées de fil d'or des faits divers du parisien...
Le petit enfant mort assassiné de 98 coups de fourchette vous semble méchant et laid, et vous vous dites qu'il a bien mérité ce qui lui arrive; la jeune fille victime d'une tournante à l'air d'une petite trainée et vous êtes, juge suprême, en accord avec la justice primaire de l'homme.
L'incendie d'une usine de feu d'artifice et de confettis qui a ruiné une famille de la Creuse à dû faire un joli spectacle pour les bouseux du village qui n'avaient certainement jamais assisté à quelque chose de spectaculaire, et le clébard qui a bouffé le nourrisson vous semble sur le magnifique cliché de Geneviève Buisson (envoyée spéciale à Vierzon pour couvrir l'évènement) de toute façon mal nourri, donc quitte à bouffer...

Vous refermez le joli torchon, et, le sourire aux lèvres, l'équilibre du monde vous semblant parfaitement respecté, vous vous envoyez votre dose de caféine requise pour le combat de la journée.
Même le café ce matin vous semble doux, un peu comme la pub de Jacques Vabre où la nana, après avoir bu 73 cafés, à l'impression d'être à poil dans un nul part, juste caressée par 4m2 de satin noir.

Bref, TOUT VA BIEN.

Vous payez votre dû à la crèmerie et vous fendez même d'un pourliche. Bah voyons.
Vous retournez défier les lois de l'équilibre avec des talons outrageusement haut qui ne vont pas du tout avec votre tenue, mais que vous trouvez particulièrement bien assortis.
Le bouton de votre braguette qui a sauté faute d'avoir la dignité de foutre un 36 plutôt qu'un 34 ne vous gêne même pas et vous glissez jusqu'au métro, le fessier totalement aplati par ce jean que vous n'avez pas voulu stretch....
La bruine qui bousille votre brushing quasi parfait vous semble douce et chaude, presque tropicale (là vous pensez à une autre pub mais elle est censurée) et pour une fois, non, vous ne passerez pas au dessus du tourniquet métallique de la RATP. Parce qu'aujourd'hui, OUI, vous allez acheter un ticket et avec cela le droit de voyager pénard.

Le son que diffuse votre casque qui vous a couté un demi RSA est à parfait volume et la douce musique qu'il injecte dans vos conduits auditifs finit de vous mettre de bon poil, au point même d'afficher un vilain sourire au milieux des cheveux gras et des odeurs de déodorant de supermarché.

Aujourd'hui, y'a pas à dire, TOUT VA BIEN.

Le talon de votre botte glisse sur un vieux papier de pain au chocolat qu'un connard à jugé bon de jeter par terre. Vous vous dites qu'Eugène Poubelle (1832-1907) a bien fait de se casser les bonbons...
Vous manquez de tomber mais vous vous rattrapez non sans grâce à une petite vieille qui manque, à son tour, de se péter le col du fémur par votre faute, pas grave, l'essentiel, c'est que vous, vous n'ayez rien, la vieille de toute façon d'ici quelques mois...
Les trois changements de métro faits, et qui d'ordinaire vous auraient fait sortir tout un chapelet d'insultes et de vulgarités sur les transports parisiens vous semblent être un voyage excitant et drôle.

Le sourire aux lèvres et de l'électro plus que violente dans les oreilles, vous vous cognez les 83 marches qui vous font remonter à la surface vu que vous êtes sortie à l'unique station de métro dont l'escalator est au moins aussi souvent en panne que les employés de la RATP en grève...
Qu'importe, "un peu de sport n'a jamais fait de mal à personne" bah voyons...
Vous dandinez donc vos deux jarrets jusque sur la chaussée mouillée et glissante et vous vous dites que les 300 mètres qui vous séparent de votre lieu de rendez-vous vont être interminables vu votre idée lumineuse d'avoir mis des échasses par temps de pluie...c'est simple vous avez l'allure générale d'un caniche sur une patinoire...

Qu'importe TOUT, absolument TOUT, va bien...

Non sans mal, mais toujours le sourire aux lèvres, vous arrivez digne, frisée, mouillée, mais digne, j'irai même jusqu'à dire fière,oui, fière,jusqu'à la porte vitrée qui revêt plus de traces de doigts sales que les vitrines de chez Jouets Club.

Pleine de dégout mais le sourire aux lèvres, version béton armé, vous poussez la porte...
Une odeur qui mêle subtilement la sueur et l'eau de javel vous souhaite la bienvenue chez Pôle Emploi...

samedi 29 octobre 2011

Et si......




ET si vous aviez choisi de vous asseoir aux côtés de Nicolas Brisson en CP, plutôt qu'aux côtés de Yann Fayette (qui soit dit en passant, passait des heures entières à se mesurer les parties basses avec son double déci-mètre Maped), vous auriez peut-être su lire le mot vélo plus tôt que les pires cancres de votre classe...peut-être...et auriez, auprès de l'opinion public, été classée comme quelqu'un de "normal"...peut-être...

De là, vous auriez, peut-être, eu un parcours scolaire plus brillant ou plus notable, et une vie.....différente....

Vous auriez, sans doutes, eu des amis populaires au collège, et auriez été de toutes les booms.
Vous y auriez roulé vos premières pelles, découvrant du bout de la langue les bagues métalliques du mec "cool" de votre classe, et poussée par vos amies de l'époque, vous auriez, comble de la "cool attitude", intégré l'équipe de turling-bâton de Joué les tours.
Ainsi, tous les dimanches, pour d'aussi diverses occasions qu'un match de foot ou de rugby, la foire à l'andouillette ou celle à l'oignon, vous auriez pu déambuler dans les rues de votre ville cimetière avec une jupe plissée bien trop courte pour vos cuisses poilues, à lancer et ramasser votre coton-tige géant au nez et à la barbe de tous les membres (masculins) de votre ville.

De là s'en serait suivit un nombre de réactions en chaine incalculable.

Vous auriez dès lors développé un goût plus que douteux pour les matières synthétiques et les couleurs criardes.
Vous auriez mis des pantalons fuseau et auriez fièrement arboré un sweater naf-naf trop grand pour vous mais qui faisait tout le "style" de ces années là.
Avec vos Docs Martens et votre Bombers Schott vous auriez dès l'âge de 12 ans allumé tous les petits branleurs de votre classe, et auriez certainement fait sauter la capsule à 15, si vous aviez été jolie, ce qui n'était pas le cas.

Au lycée, forte de votre expérience, deux possibilités se seraient alors offertes à vous:
-soit motivée par vos expériences de vie, selon vous, bien plus enrichissantes que toutes cette paperasse scolaire, vous auriez peu à peu "décroché" et vous seriez vite orienté vers un bac pro puériculture, parce que, je cite, "vous avez toujours aimé les bébé, vous trouvez ça trop chou";

-soit, redressée par les aléas d'une vie familiale parfois tumultueuse, vous auriez voulu, je cite, "montrer que NAN NAN, vous n'êtes pas complètement stupide", et que l'on peut porter des jupes plus courtes que ses talons, et parvenir à écrire correctement une dissertation.

Bref, disons que l'on optera pour la deuxième solution.
Passé les galipettes et les yeux trop maquillées vous auriez mis trois ou quatre parpaing dans votre boîte crânienne, et vous seriez orientée vers une filière d'avenir (bien loin d'une carrière artistique par exemple....)

Vous seriez donc brillamment devenue vétérinaire, parce que toutes les petites filles stupides veulent devenir vétérinaire, pour "soigner tous les animaux qui souffrent", ou avocate, parce que "c'est dégueulasse que des gens dorment dans la rue".

Durant vos études vous auriez rencontré Alexandre, ou Victor, seriez directement tombés mutuellement amoureux et passionnément comme ça arrive si souvent et si facilement, n'es-ce pas, comme "une évidence"...

Les études finies et les situations établies, parce qu'il est "impensable de pondre un môme sans situation stable", vous seriez devenue mère d'une petite Cassandre, puis deux ans après, parce que "c'est bien qu'il n'aient pas beaucoup de différence", vous auriez pondu Antoine (même prénom que son papy, déjà à moitié enterré), et auriez coulé des jours chiants et heureux dans une maison bourgeoise de la banlieue de Tours.

Seulement vous n'étiez pas assise aux côtés de Nicolas Brisson, et vous avez bien vu Yann Fayette se mesurer la tuyauterie...

Vous avez tout vu, et à partir de ce moment, tout a vacillé.

Au sortir du CP vous arriviez difficilement à lire le mot vélo. Une défaillance qui vaudra à Madame Vergne, votre institutrice, de vous parler comme à une débile mentale durant toute une années scolaire.
Au collège, vous faites un parcours médiocre additionné à une impopularité notoire lié à un physique très très ingrat.
Évidement sans amis, vu votre tronche, vous débarquez au lycée pour y survoler les cours et décrocher miraculeusement un bac qui vous ouvrait alors les prestigieuses porte de la fac d'arts du spectacle de Poitiers, autant dire, d'un cul de sac...

Vous n'avez bien évidement rencontré personne, ni durant vos études, ni après, ou que des cons, vous n'avez pas eu le boulot de vos rêves (vu que vous ne savez même pas quel nom il porte) et la spacieuse maison "mobilier de France" a fait place à un studio "but".
Quant aux enfants, ils sont morts nés, tout comme le reste de vos prétentions professionnelles...

Et si c'était à refaire, vous ne changeriez rien.

mercredi 12 octobre 2011

l'assiette est finie, on arrête de saucer quand il n'y a plus rien....

D'un pas lent, très lent, vous vous dirigez, comme les 543 jours qui ont précédés, vers votre lieu de travail (ou de désintégration au choix).

Vos pompes sont trouées, votre jean noir porte les stigmates d'une nuit enchanteresse d'abus, votre sou-tif (pourquoi en portez vous un d'ailleurs!?)fait se balader sauvagement ses bretelles sur votre dos boutonneux, vos yeux sont un peu rouges et vos cheveux sales et mal rangés, en bref, vous êtes AU TOP pour commencer à travailler dans des conditions optimales.

En six longues heures vont défiler des groupuscules aussi divers que:
le groupe de potes qui partagent un dessert à 12, et partagent l'addition au centime prêt (après tout pourquoi laisser un pourboire!?),
les trois vieux qui vont se liquider quatre bouteilles et finir de se haïr en prenant digestifs sur digestifs,
les deux boudins célibataires, qui n'ont pas dû voir l'ombre d'un pénis depuis plus de six mois,
l'épouse quasi anorexique qui attend son mari en train de finir de sauter sa secrétaire,
les deux teufeurs édentés qui commandent les plats les moins chers pour se coller un peux plus d'alcool dans le cornet,
l'acteur raté qui vient avec son salopard de clébard hargneux,
les trois pétasses qui posent nonchalamment leurs sacs a mains là où bon leur semblent et qui rient à gorge déployée faisant ainsi craqueler leur masque de fond de teint,
ou encore la nana (devrais-je dire le cadavre!?) qui tous les jeudis essaye tant bien que mal de séduire votre collègue alcoolique à grands renforts de croisements et de décroissements de jambons,
le tout sur de vieux tubes bien ringards de Dalida, que personne n'a dû écouter jusqu'à la fin à part ses fans suicidaires...



Vous circuler au milieu de ce grand merdier comme Moïse sur la flotte (ou un truc dans le genre) au ralenti. Vous pointez votre doigt, duquel s'échappent des éclairs de foudre rouge vifs, et faites voler les têtes au petit bonheur la chance, ici un roux, plus loin un nain, tout en hurlant que vous aussi vous "vous voulez mourir sur scène".

Le Jack Russel qui menace de vous bouffer ce qu'il vous reste de chaussure à chacun de votre passage part aussi en sang, la truffe pulvérisée par votre éclair fou et vient s'éclater contre son con de maître qui ne vous emmerdera plus à vous demander pain, fromage, poivre, sel, salade, fourchette propre, couteau cranté...

Vous ne réservez pas sors plus glorieux à votre abruti de supérieur qui n'arrête pas depuis 18 mois de passer derrières vous pour bouger un couteau d'un demi centimètre ou pour vous dire que vous mettez trop de morceaux de pain dans la corbeille.
Tel un messie des temps modernes, vous dressez votre doigt bionique face à sa tronche d'idiot et lancez un éclair, plus puissant encre que les autres, qui vient s'écraser contre son front moite de sueur et le transforme en macaroni géant...

Pas de doutes, il est vraiment temps de vous tirer de cet endroit diabolique...
J-15...et ensuite...plus rien...ou peut être tout...

vendredi 5 août 2011

A bout de Souffle.

`


En crachant ce qu'il vous reste de capacité pulmonaire sur trois bougies, tout en dégustant avec un sourire forcé la tarte aux fruits de saison achetée 6 euros 95 au Leclerc du coin (d'ailleurs impossible d'identifier les baies vissées sur la crème déjà rance), en remerciant les convives de vous faire bouffer un truc que vous n'aimez pas et en faisant semblant d'être heureuse de faire le deuil d'une année supplémentaire, votre esprit, très certainement titillé par le Paul Rémy que vous vous envoyez depuis trois heures de l'après midi (il est maintenant 23h30), s'évade, ou plutôt se noie, vers d'obscures contrées...

Vous serrez les fesses tout en espérant qu'il n'y aura pas, à l'image de la tarte, le cadeau qui va avec.
Vous vous imaginez déjà la main tâtant un paquet bariolé pour en extraire un porte clef Marsupilami, ou un bon d'achat Yves Rocher, un fond de teint H&M, un maillot de bain à rayures (vous détestez les maillots de bain à rayures), un livre que vous avez déjà avalé, une boite de chocolats que vous ne mangerez jamais, un disque de Cradle Of Filth, ou encore une veste en laine polaire, des boucles d'oreille en plastique rose, des minis barrettes aux couleurs de l'arc en ciel, une bougie au bois de santal, une montre en chocolat (oui oui, déjà reçu à noël 2010), une écharpe en acrylique, j'en passe et des meilleures...
Mais vous avez beau attendre, jusqu'à avoir le temps de bouffer toute votre part de gâteau (c'est dire s'il s'en est passé du temps...), rien ne vient, et vous vous sentez tout à coup soulagée. Non, vous n'aurez pas, comme vous le faites depuis 29 ans, à remercier pour quelque chose que vous ne vouliez pas...
Il n'y aura pas de cadeau raté, jeté, dès votre retour à la maison, sous le lit et retrouvé plusieurs années après en état de décomposition avancé, et c'est pour cela que vous savez que vous êtes ici à votre place.

A l'heure où toutes vos copines de lycée ferment les yeux pour retenir leur larmes en espérant désespérément que la semence de leur mec (commercial dans une société de photocopieuses au bord du dépôt de bilan) vienne féconder un dernier ovule qui traînait par là pour faire, je cite, "un petit frère à Ophélie", parce que, je cite, "il est HORS de question d'en faire une fille unique", vous, vous en êtes à souhaiter que cette parenthèse enchantée entre non travail, projets absurdes et aventures sexuelles extraordinaires ne finisse jamais.

A l'heure où celles qui ont fumé leurs premières clopes avec vous, en sont à ne pas dormir, excitées par le prêt contracté chez Cofidis pour acheter une maison Phoenix qui tombera aussi vite en lambeau que leur couple, vous, vous en êtes à vous demander comment vous allez pouvoir magouiller pour pouvoir remplir votre frigo de bouteilles de vin hors de prix et de crèmes contre l'acné (non non, je ne plaisante pas!).



Et même si votre grand-mère, aujourd'hui décédée, ne cesse de vous siffler dans l'oreille de trouver un travail, une situation, et tout le bordel qui va avec, vous restez persuadée que vous êtes en train de fêter de la plus belle manière qui soit vos 29 ans... en refusant tout en bloc...

lundi 20 juin 2011

Réflexion.

Tandis que les 110 kilos de barbaque de G. (je tairais son nom pour le bien de sa petite amie)s'active sur ma petite carcasse,il me vient une idée saugrenue.
Sans doute parce que mon grand père vient de décéder d'un cancer du rectum, je me demande quelle serait ma priorité si je venais à mourir là tout de suite, étouffée par ce colosse maladroit...

Ma première idée, bien sûre, serait d'aller me taper un festin chez Paul Bocuse, claquer trois bouteilles de Veuve Clicquot et finir par pisser sur les banquettes d'époque tapissées de toile de Jouy, en faisant des bras d'honneur aux trois gendarmes débarqués pour l'occasion. Me faire menotter, puis transporter dans le panier à salade, pour entendre rugir la sirène de mon chef d'œuvre et achever la soirée dans une toute petite cellule de dégrisement que je partagerais avec une bande de hooligans surexcités...je vous laisse imaginer la suite...

En même temps, je mets également une option sur le saut en parachute nudiste, ou sur le tir à la carabine sur chats. Sur la bataille dans un champs d'ortie (toujours à poil il en vas de soi!), et sur l'attentat au rayon yaourts et produits frais de chez Auchan.

Bizarrement, (G. Commence à émettre des bruits très étranges au-dessus de moi, un peu à la manière du cerf lors de sa fameuse période du brame, et je lui dit de la foutre en veilleuse parce que je ne m'entends plus penser), bizarrement donc, je pense à toutes ces conneries les plus dégueulasses et les plus farfelues que je pourrais faire, et bizarrement, à aucun moment mon esprit ne fait mention d'un éventuel emploi... Faut-il en conclure que le travail, ce n'est finalement pas ce que je cherche!?

J'ai peur que G. me claque dans les doigts, il fait des bruits vraiment pas nets.

Je me revois dans la Merco Benz marron de mes parents, avec les fermetures de mes sandales qui s'accrochaient perpétuellement sur la housse des sièges couleur excrément et qui, au fur et à mesure des années, avait fait ressembler la protection de tissus à un vieux slip usé.
Le front gras collé à la vitre à peine baissée, je regardais défiler le paysage en fixant mon regard sur un moucheron préalablement écrasé, le tout sur fond de Mike Brant qui s'égosillait à me dire "Laisse-moi t'aimer".
Les yeux plissés, et à renfort d'une extrême concentration,je reproduisais tout doucement le son du défunt insecte, puis inclinais la tête pour faire éviter au cadavre sec tous les obstacles du bord de la route.

Et alors que G. finit son office, et s'écroule lamentablement sur mon corps amaigri, je trouve enfin l'endroit où je voudrais être juste avant de tirer ma révérence: là, sur cette fenêtre de la vieille Mercedes-Benz, collée, alors que la gamine moche que j'étais me regarde, et tente de me protéger des obstacles de la route...

mercredi 1 juin 2011

Sogni d'Oro.

Je suis désormais riche, riche à crever.

Je sors à peine de chez Chloé où j'ai claqué trois plaques à acheter des sacs aux couleurs criardes qui ne vont avec rien.
Je tourne à droite sur le boulevard et entre nonchalamment chez Kooples où je crache mon chewing-gum "Hollywood" sur le col satin d'une veste à quatre chiffres.

Je rigole, m'allume une clope ultra fine et ultra longue, et l'écrase sur la moquette Philippe Starck avec ma bottine en caoutchouc Burberry en m'excusant avec un faux accent anglais à la Jane Birkin "que je n'avais pas vu LE pancarte avec LE cigarette rayé dessus".
J'essuie mes mains collante de glace "Amorino" sur les pulls cachemire, tout en souriant à la vendeuse anorexique qui ne trouve rien de mieux que de me proposer un café "Nespresso", que je refuse, bien évidement.

Je fais le tour de la boutique, rien ne me plaît, donc tout est moche, mais achète une paire de chaussettes à 50 balles, juste histoire de ne pas partir les mains vides.

A peine sortie, je m'allume une nouvelle clope. En fait je suis encore dans la boutique, en train de payer avec ma carte platinium que je galère à sortir de son étui Louis Vuitton.
J'insulte tout ce qui se trouve sur mon passage et la plante verte derrière la caisse continue de me sourire niaisement.
Je suis sûre qu'elle s'est fait refaire le pif dans la même clinique que moi, la garce.

Je me dirige vers l'énorme baie vitrée qui sert de porte. MERDE, je crois avoir perdu mon Blackberry. Je sors mon I Phone 4 de mon vieux sac Marc Jacob collector qui a déjà deux mois, pour faire sonner mon autre portable, le tout en m'insultant à haute voix de "FUCKING CONNE" au beau milieu du magasin, juste avant de sentir l'appareil vibrer dans la poche arrière de mon jean Armani trop serré dans lequel je fais semblant d'être super à l'aise.

Je sors satisfaite de l'impression "très cosmopolite" que j'ai livré dans la boutique. Épuisée de mon après midi, de m'écroule à l'Escargot où je vais boire coupe sur coupe en attendant mes "SUPERS" copines avec qui je parlerai fesse et mode avant de remettre nos fourrures sous un soleil plombant pour aller snober la queue de chez Lip.

Tout en saluant par leur prénoms la moitié des serveurs et en snobant l'autre moitié, (tous ceux qui m'ont tour a tour sauté les soirs de beuverie ou de solitude) je colle mes cuisses décharnées sur la banquette de cuir usée.
Je commande une bouteille de vin. Je gueule que je veux du rouge et pointe sur la carte usée le seul flacon dont je n'arrive pas à lire le prix.
En jouant les expertes,je suis pathétique, je hurle au sommelier (qui lui aussi m'a baisé) que la bouteille a intérêt à être à la hauteur de mon palais brulé par mes 60 clopes journalières.

La carte en main, j'hésite entre le filet de thon blanc et le hareng pomme de terre, mais à l'idée de manger quelque chose, la dizaine de coupes que j'ai dans la gueule me menace de remonter à la surface.
Je me lève chancelante sur mes Louboutin, et sautille jusqu'aux toilettes où ce qui devait arriver arrive.
Je pose un joli renard pas plus loin que dans le lavabo et ce devant un con qui me regarde comme s'il n'avait jamais rien vu de tel...Incroyable...
Je tente de me redresser, mais rien à faire, je tangue plus que sur la calipso, et
ma tête retourne vers son crachoir improvisé, puis plus rien...

Rideau, ou plutôt réveil.
Je suis la bourre.
Rien ne change, ou presque...

mercredi 18 mai 2011

Charli.

Bon,
inutile de vous dire que les trois mois écoulés à ne pas parler de votre situation, ne vous ont pas Franchement aidés à devenir quelqu'un d'autre.

Résultat des courses, bah, vous en êtes à plus de 400 jours de service.
Si l'on compte que vous servez en moyenne 70 assiettes de pâtes par service, qui pèsent en moyenne 400grammes, cela veut dire que vous avez passé votre année à trimballer pas moins de 11 200 kilos de pâtes à bout de bras...
BravO, vous pouvez être fière de vous, à ça oui!
ClaP, Clap, Clap de l'assemblée, tout le monde se lève, et vous êtes à poil devant eux!



Bref, autant dire que vous n'avez strictement rien foutu de votre année, à part sourire bêtement à des blagues salaces, en espérant un pourboire alourdi, trainer vos doigts dans les restes de sauce tomate du bord des assiettes sales, abîmer vos godasses préférées camouflées derrière un tablier "rouge Quick" et investir dans des crèmes pour l'acné afin d'enrayer des irruptions de boutons liées à une alimentation, soit disant, trop riche...

Le coup de grâce arrivant quand une grande conne décide de vous gâcher votre pinte de fin de boulot à vous souler avec des questions digne de Tournez Manège...vous entendez déjà, en fond sonore, le piano endiablé de Charli Oleg...







Heureusement, l'alcool est là pour adoucir les mœurs, vos mœurs, et plutôt que de vous fatiguer à vouloir la gifler, vous lever le bras, vers le serveur, qui, pour le coup, vous apparaît, après la quatrième pinte, comme l'homme parfait. Et ce malgré sa calvitie annoncée et son goût curieux pour l'association joggings/chaussures de ville de piètre qualité.
Le sourire triste mais la voix sûre, vous lui demandez, je vous cite, "un petit truc fort" avec une mine de conspiratrice.
Le serveur reviens avec un "kamikaze".

Vous n'aimez pas la vodka, mais faites mine que c'est exactement ce que vous vouliez, qu'il a, comme par magie, lu dans vos pensées quelques peu brouillées.
Vous le buvez, et manquez de le recracher aussitôt sur la greluche qui est toujours en face de vous à vous poser des questions de plus en plus philosophiques.
Qu'importe, désormais vous vous moquez d'elle comme de tous les autres.
Vous n'avez aucune réponse à lui fournir, à elle comme au reste du monde, et, pour toute réplique, vous lui adressez un sourire niais (qui dissimule une vilaine éructation).
Elle continue de parler, mais vous ne l'entendez plus, Charli Oleg joue au fond de votre crâne, et ça vous fait sourire...

samedi 8 janvier 2011

LA triste vérité...Plom plOm pLOM


Vous êtes désormais et officiellement Serveuse.

Excusez moi du peu, mais si au bout de plus de 379 jours d'activité dans un domaine, celui-ci ne devient pas votre "activité professionnelle principale", c'est que vous devez avoir un léger problème au niveau des connexions neurologiques.

Donc, vous êtes serveuse (certes à durée déterminée, mais serveuse quand-même), à tel point que toute la rue, le matin, vous salue en tant que "la petite serveuse", et ce sans même que vous n'ayez à arborer honteusement votre tablier rouge sanguinolent (qui, entre parenthèses, n'a pas, tout comme son prédécesseur, le tablier noir, encore vu, en six mois de bons et loyaux services, la couleur d'une machine à laver).

Vous êtes (une sale) serveuse, et peu a peu au grès des gueules de bois que vous faites passer à grandes rasades de thé vert à la menthe Lipton, vous ne pouvez que vous confronter à la salope de réalité.
Non, ce n'est pas ce soir que vous allez sauver le monde et devenir la prochaine Tina Turner, mais pire, il se pourrait bien, vu la conjoncture, que le futur soit bien moins brillant que celui que s'était imaginé l'enfant de 8ans qui réside en vous...

Plus violente qu'un crash test de poussette, vous fuyez à grandes enjambées cette évidence et laisser votre cerveau inutilisé errer dans des sphères troubles...




Dès lors, loin de vous imaginer dans une carrière mirobolante, vous vous faites une joie de vous créer des professions improbables, dans lesquelles, vous en êtes convaincue, vous pourriez exceller...





...

lundi 22 novembre 2010

Finalement, FinaLement...



Oui FInalement ( Non, ne me remerciez pas!)
Vous n'avez rien résolu, la situation est toujours la même, et même si 20 publications plus haut vous prétendiez crâneusement qu'il était temps de TIRER des conclusions, feignant, d'être arrivée à quelque changement, il n'en n'est rien.



Et comme tous les lundis soir de votre existence depuis quelque chose comme dix mois, vous vous retrouvez les cuisses collées sur votre chaise IKéA à vous demandez ce que vous auriez bien pu être si vous n'aviez pas tout fait n'importe comment (ce qui est tout de même, reconnaissez-le, votre GRANDE spécialité) et autant dire que les spéculations vont bon train...



ou encore....



Ou sinon...




Une petite dédicace à ce que vous, et moi non plus, ne serons jamais...
(en même temps faut-il s'en lamenter, ou, au contraire, remercier les cieux ténébreux?)

A vous de Juger...

vendredi 19 novembre 2010

I'm Scap mAN

Euh, ouai, comment dire...
Si l'on fait le compte, ça doit faire environ, quelque chose comme 300 jours que vous êtes à la "recherche d'un emploi".
Certes à votre décharge vous aviez à l'origine du projet du "Pain sur la Planche".
Vous partiez avec un sévère handicap: pas de maison, pas de projets, pas de tunes, et accessoirement pas de mec (oui, pardon, je m'égare)



Enfin bref, après 60 publications, vous commencez à le savoir...

Autant dire que 300 jours plus tard, et quelques 250 litres de bière de plus dans le buffet, le constat est des plus délicieux:
La maison, c'est bon, vous avez, par je ne sais quel miracle, fini par en trouver une...
Mais pour le reste, c'est sans équivoques, vous êtes ENCORE et TOUJOURS serveuse de pâtes, à la seule différence qu'entre temps vous avez développé une délicieuse aversion pour le genre Humain.
C'est bien simple désormais vous balancez les assiettes sur la table comme un paysan balance son fumier sur le sol, vous souriez à la manière d'un playmobil usé, vous débarquez au travail en tenue de soirée salie, et avez de plus la certitude d'être dans votre bon droit...

En même temps, es-ce vraiment de votre faute si Profilculture ne vous envoie que des offres pour être professeur de harpe à mi temps (notez vous n'avez jamais fais de musique) ou administratrice d'une obscure compagnie de théâtre sur le déclin qui monte des spectacles je cite "écologique et ludique" avec une plaquette aux couleurs à faire vomir une couvée de babouins?

Ah non, je rectifie, si par le plus grands des hasards, toutes ces "opportunités professionnelles" ne satisferaient pas vos ambitions demeurées intactes ils vous reste la possibilité de "rejoindre l'équipe artistique du merveilleux univers Disney", afin de vous faire tirer huit heures d'affilé votre queue de Tigrou sur une musique Dance, le tout pour un smic horaire...Alléchant non?



Non, je le crie aujourd'hui haut et fort, NON, ce n'est pas de votre faute, le tout étant lié, et vous n'en démordez pas, à une Vilaine, vilaine conjoncture des choses, qui ne tardera pas d'ici peu à se résorber...Enfin, espérons-le...

Remarquez, à y choisir, vous seriez presque en train d'opter pour l'option téléphone rose à domicile...

dimanche 31 octobre 2010

NON

NOn, Non, vous n'avez pas oublié votre désir fou (et discutable) de trouver un Emploi.

Non, Non, absolument pas, non, vous n'avez pas perdu votre temps ces quinze derniers jours, vous êtes catégorique.

Non, vous n'avez répondu à aucune annonce de travail, Mais, et vous le criez haut et fort, ce n'est pas de votre faute.
Vous affirmez, et pouvez le prouver.
Je cite:
"NAN, en ce Moment, c'est la Mort, y'a rien comme annonce" déclaration enregistrée le lundi 15 octobre à la terrasse de chez Prune, comme pour vous justifier de recommander une autre pinte alors qu'il est 14h32...

Non, votre silence n'est pas celui d'une personne qui aurait, par je ne sais quel concours improbable de circonstance, trouvé un emploi, NON, mais il est lié, et c'est ESSENTIEL pour la suite des évènements, à des révélations déterminantes.
En effet, ces deux dernières semaines à la terrasse des différents cafés de Paris, qui ont, grâce à vous "fait leur beurre", vous avez eu La Révélation: Vous aussi vous pouvez dire NON.



Non, vous n'êtes pas plus conne qu'une autre (bien qu'avec trois quatre verres dans le nez c'est discutable).
Non, vous n'êtes pas plus fainéante qu'une autre (simplement déterminée à ne pas "travailler" si ça ne vous enchante pas).

Non, vous ne serez pas, comme tous vos proches vous le souhaitent tant, casée d'ici peu dans un emploi stable à espérer que le technicien son de service vous saute et à souscrire votre prochain prêt pour acheter une chambre de bonne à Trappe.
Non vous n'aurez pas le terrible affront de ne pouvoir mettre votre tailleur Zara pour aller au Bureau parce que vous n'avez plus de collants potables,
Non vous n'irez pas en Corse dans un club Pierre&Vacance à faire une initiation escalade,
Non, votre gland de mec ne vous demandera pas votre main après un diner Gras dans Montmartre,
Et enfin non, vous n'achèterez pas d'abonnement à la salle de stretching juste en bas de chez vous,
et tout ça pourquoi?

Parce que finalement vous ne le voulez pas.
Parce que l'unique chose à laquelle vous aspirez, c'est que votre monde, finalement, ne change pas d'un pouce, et que vous continuiez à vivre avec Bambi, Dingo et Minnie Au coeur du Mickey club...

jeudi 14 octobre 2010

cui cui(te)

Votre paysage nettoyé,
plus personne pour vous dicter les lois de votre vie en devenir.
Les cadavres jonchent le parquet poussiéreux, et en vous promenant au milieux de la marre de chair humaine, vous faite retentir le couinement de vos éperons encore pleins de sang.
Fini les gens qui ne croiront plus en vos projets irréalisables, ils sont désormais tous à terre avec les entrailles qui leur sortent poétiquement du bas ventre.
Plus personne n'entravera votre chemin vers le monde des rêves et des supputations fumeuses.

A ce titre, vous venez d'ailleurs de recevoir un délicieux mail de pôle emploi, qui je cite "vous prévient de la radiation de votre profil et le la fin de la diffusion de votre cv"
Remarquez, ça tombe plutôt bien, depuis huit mois que vous y étiez inscrite, ce n'est pas les ZERO touches que vous aviez faites grâce à eux qui changeront le cours de votre histoire.

ET merde...

Radiée de pôle emploi, grillée auprès de toutes les institutions culturelles françaises (et aussi quelques unes à l'étranger mais chut!), pour ce qui est d'une recherche d'emploi rondement menée, s'en est une, vous pouvez être fière de vous.

CLAP CLAP CLAP (standing ovation de l'assemblée)

Heureusement le soleil brille et il vous reste encore quelques monnaies clinquantes et trébuchantes pour vour permettre d'aller vous échouer sur les rives d'une pinte.
Finalement, la vie n'est pas si dégueulasse...Une cacahuète, deux cacahuète... Elle est même chouette...

Et voilà que la bière aidant les méninges restantes de votre petit cerveau à tourner dans un sens indéfinissable, votre imagination se remet subitement en route pour vous jouer de nouveaux tours...





Et re Merde...

dimanche 10 octobre 2010

Divagations psychotiques

Le non changement de votre situation, ou plutôt le manque FLAGRANT de motivation dont vous faites preuve pour ne rien changer à votre situation, vous amène parfois à divaguer...



Plus de limites, vous êtes Charles Bronson au milieu du désert, vous êtes armée et vous avez la gâchette facile:
-un client qui vous tutoie genre "tu me ramène le sel" façon je suis chez moi partout quand je suis avec ma poule trop maquillée....vous le flinguez
-Un connard qui fait semblant de savoir parler italien devant ses potes transpirants, alors qu'il est juste ridicule...vos le flinguez
-Un groupe de bourges branchés qui arrive 5 minutes avant la fermeture de la cuisine histoire de vous faire rester trois heures de plus....vous les flinguez
-Les familles aux poussettes MAC LAREN qui squattent six tables alors qu'ils sont trois... vous les flinguez

Après ce grand nettoyage dans votre monde parfait, il ne vous reste plus que vos potes et les petits vieux qui viennent manger seuls en épluchant leur journal usé...

Vous êtes désormais la reine de votre royaume, et le monde entier vous obéit!



Bref, il faut Vraiment que vous fassiez quelque chose...

lundi 4 octobre 2010

la QUEUE...de mickey

Si à 15 ans, à défaut d'être une fille populaire, vous étiez la première à vous faire des films, autant dire que quasi 15 balais plus tard, vous n'êtes toujours pas plus populaire, et vous n'avez même plus la force de vous faire des films...
Adieu le mariage avec "Paul Rosier", un riche héritier propriétaire terrien que vous auriez fait mourir au bout de sept ans, à renfort de cholestérol, pour ensuite couler des jours heureux avec votre jardinier et néanmoins aman "Bryan".

Non vous ne serez pas la prochaine star du X à domicile, car tout bien considéré, parler turlutte au réveil, c'est pas vraiment votre plan de carrière, ni de vous faire appeler Tina et commencer à vous coiffer d'une queue de cheval ultra serrée sur le haut de ce qu'il vous restera de crâne...

Alors certes,vous ne savez toujours pas ce que vous allez bien pouvoir faire de vos quarante prochaines années, mais une chose est sûre vous ne serez ni Catherine Ringer, à vous manger des pénis d'ânes pour le plaisir, ni Jeanne Moreau (sauf si vous continuez à picoler comme vous le faites) à batifoler dans les champs sous prétexte qu'elle n'a plus les "couilles" de choisir entre Jules ou Jim.
Parce que vous avez désormais bien compris que vous n'avez ni l'expérience ni le physique pour verser dans l'une ou l'autre de ces deux carrières...
A ce titre, vous tenez à remercier votre grand mère qui vous a génétiquement doté d'une pelle à tarte à la place d'un nez "normal", et votre mère qui semble avoir mis toute la peau de sa généreuse poitrine à vous faire un sublime double menton...

Il faut aussi dire à la décharge de tout cela, que la culture n'est pas vraiment le domaine le plus simple à embrasser, et encore moins, lorsque l'on est pas foutue de mettre un nom sur ce que l'on veut faire....

dimanche 3 octobre 2010

Carrière.

Après avoir été successivement au cours de vos dernières 28 années d'existence agent d'entretien dans un cinéma, puis à la poste de Joué Lès Tours, manutentionnaire de palettes (merci à Manpower qui a toujours su trouver des activités en adéquation avec votre physique sportif), fleuriste, animatrice pour personnes handicapées, caissières sur les autoroutes (appelée dans le jargon autoroutier "receveuse") à vous respirer les pots d'échappement de 1500 camions par jour, et les réflexions obscènes de leurs délicieux conducteurs.
Après avoir été caissière de station essence (une mention spéciale pour cet emploi PARTICULIEREMENT apprécié) perdue dans votre chemisier crème TOTAL, puis scénographe, et finalement comédienne, vous êtes ensuite devenue serveuse, et vous l'êtes malgré quelques intermittences restée...mouai...la vérité n'es pas toujours cousue de fil d'or...

Feuilletant les pages de votre canard, devant votre café quotidien, vous venez à rêver d'une autre carrière, quelque chose de vraiment différent, et tombez sur une annonce: une obscure société de téléphonie recrute des "hôtesses téléphone rose".
"raccordement téléphonique assuré, permanence téléphonique de six heures, salaire alléchant".

Vous en venez à vous imaginer dans votre peignoir bleu élimé, les cuisses collées au skaï de votre vieille chaise, la maïs à la lèvre au milieu de votre salon miteux à écouter durant la moitié de la journée votre téléphone cracher des obscénités...

Vous allez réfléchir avant de les contacter...