samedi 4 janvier 2014

Rencontres.

Et l'autre porte une paire de baskets pourries certainement achetées chez celio avec cet immonde petit "baise en ville" que tous les tocards qui n'ont pas de personnalité ont acheté à un moment ou a un autre en se disant "il est pratique ce petit sac".
Ah ça oui il est pratique mais il est horrible et il te donne une touche d'allemand en vacance.
Manque plus qu'il porte sur une seconde photo une paire de lunettes aussi merdique que ses autres accessoires et s'en est fini de sa candidature.
Vous faites résolument et définitivement glisser sa candidature sur la gauche de votre écran.

L'autre s'appelle kiki.
Ce connard pose avec son chien (probablement celui de sa daronne en train de se faire les ongles des pieds devant ce croquemort de julien Lepers, en bas, sur la table du salon).
Bref, ce trou du cul a sûrement dû se dire à un moment ou à un autre qu'il allait, je cite, "toutes se les fourrer" avec sa pause photo digne d'un rush condamné de 30 millions d'amis avec en arrière plan sa chambre d'ado qui sens le petit garçon mal lave à travers l'écran.
Une pute de larme coule sur votre joue gauche, mais vous êtes bien plus forte que ça. Bien plus solide.
Vous atomisez sa photo de petit connard et cherchez autour de vous de quoi vous soulager, mais rien. Juste votre appartement de branleuse parisienne trop bien rangé et dégueulant de nouvelles technologies que vous savez à peine utiliser, qu'importe ce qui compte c'est bien de posséder non?

Vous n'êtes pas fumeuse pourtant, mais vous tailladeriez bien volontiers au cuter rouillé votre pull cachemire de chez maje pour une gauloise sans filtre. Vous en fumeriez bien quinze et attendriez bien volontiers que la fumée vous fasse mal à vomir et jaunisse tout votre appart bien trop propre, mais pas de gauloise. Juste une théière bodum, achetée trop chère, oū infuse tranquillement votre "thé preféré" détox que vous sirotez apparemment tranquillement.

Autour de vous l'appartement est calme. Kiki a disparu de votre écran, et Sony 37 vient d'y faire son apparition. Pas beaucoup plus brillant.

Vous faites astucieusement disparaître une autre goutte de flotte de vos joue d'un revers de main grasse de la galette des rois trop cuite que vous êtes en train de vous enfiler seule.
Pas la peine de parler de Sony 37, trop gros muscles, ni de Seb et de ses photos de fanfarons sur une quelconque plage espagnole, encore moins de Romain qui propose un très très gros plan de son visage de chien truffier qui vomit des pores dilatés.
Plus les photos passent et plus vous pourriez devenir mauvaise, sans doutes l'êtes vous déjà...
Vous fermez votre Mac book pro, lui aussi luisant, victime de l'action répétée de vos petits doigts boudinés sur le clavier.
Vous auriez envie de vous faire du mal comme de bouffer tous les yaourts périmés de votre frigo, snifer votre spray d'huiles essentielles, fumer vos barrettes d'encens boliviens (sait on jamais) mais rien n'y fait. Tout est calme.

Thaishi, quel nom d'emprunt, bref, Thaishi, avec qui vous avez "matché" (ça veut dire qu'il vous trouve pas trop moche et que vous le trouvez presque potable) vous tient le crachoir.
Une petite phrase choc et bien vulgaire, c'est votre technique pour voir si votre adversaire n'est pas trop con. Vous attendez sa réaction. Il est drôle, ça vous fait sourire. Vous oublieriez presque votre envie de vous arracher les tripes tellement vous êtes triste l'espace d'une seconde.
Seconde phrase où vous descendez au AK 47 ses photos de profil... Il rit, vous riez aussi.
L'enfant, étouffée sous 30 matelas de désillusion, et qui sommeille encore en vous a alors presque envie de croire que les hommes ne sont peut être pas tous des pourris sans excroissances entre les jambes et vous vous mettez à dialoguer avec l'inconnu sans plus de peur ni d'aprioris.

Quelques phrases plus tard l'homme vous propose l'inévitable rencontre. Vous êtes déçue d'une issue aussi prévisible et néanmoins logique. Vous acceptez sans trop savoir pourquoi, ou sans doutes pour vous punir de ne pas aimer les bonnes personnes.
Il vous renvoie quelques messages durant la soirée comme l'enfant craignant que son canari anémique de chez Truffaut puisse s'échapper de la cage qui est en train de fomenter autour de vous.
Vous répondez le cœur ailleurs tout en espérant qu'il ne vienne pas.
Il viendra.
Il vient.
Il arrive.
Il est la.
Venu vous chercher.

Il vous fait signe depuis sa bagnole. Vous l'approchez. Comme à chaque fois, parce que vous avez ce foutu truc en vous, vous vous approchez en espérant, en croyant même.
Il vous sourit a son tour. Puis détache sa ceinture, ouvre la porte de sa "Mini Austin" (indice avant coureur) et saute de son siège tel le clown à ressort est éjecté de sa boîte de carton.
Et la c'est le drame.
Vous pourriez chialer mais finalement vous vous mordez les lèvres pour ne pas hurler de rire tellement la situation est ridicule.
Un court silence s'installe et, lui comme vous, êtes en train de réaliser l'impossibilité d'une quelconque suite.
L'homme face à vous doit tout au plus mesurer 1m50 (si l'on compte les 4 bons centimètres de cheveux en bataille), alors que vous en mesurer 30 de plus que lui.
Vous bredouillez une excuse aussi merdique que votre comportement face à un type qui sans nul doute était quelqu'un de bien pour une fois.
Vous fuyez tiraillée entre le désir d'appeler un pote pour rire de vous et de votre insatiable désir de trouver quelqu'un qui prendra soin de vous et celui de pleurer de construire seule.

Message.
L'homme vous souhaite la bonne nuit parce que malgré l'odeur des huit heures de restauration sur votre chemise de tissus synthétique et votre frange qui colle à votre front huileux ce nain charmant a su voir ce que celui que vous aimez ne voit pas. Vous effacer votre profil de ce site de rencontre merdique. Envoyez un message de désespoir à votre plan cul qui bien évidemment ne vous répondra pas et filez vous coucher... Seule.
Bonne nuit.
Rideau.