lundi 20 juin 2011

Réflexion.

Tandis que les 110 kilos de barbaque de G. (je tairais son nom pour le bien de sa petite amie)s'active sur ma petite carcasse,il me vient une idée saugrenue.
Sans doute parce que mon grand père vient de décéder d'un cancer du rectum, je me demande quelle serait ma priorité si je venais à mourir là tout de suite, étouffée par ce colosse maladroit...

Ma première idée, bien sûre, serait d'aller me taper un festin chez Paul Bocuse, claquer trois bouteilles de Veuve Clicquot et finir par pisser sur les banquettes d'époque tapissées de toile de Jouy, en faisant des bras d'honneur aux trois gendarmes débarqués pour l'occasion. Me faire menotter, puis transporter dans le panier à salade, pour entendre rugir la sirène de mon chef d'œuvre et achever la soirée dans une toute petite cellule de dégrisement que je partagerais avec une bande de hooligans surexcités...je vous laisse imaginer la suite...

En même temps, je mets également une option sur le saut en parachute nudiste, ou sur le tir à la carabine sur chats. Sur la bataille dans un champs d'ortie (toujours à poil il en vas de soi!), et sur l'attentat au rayon yaourts et produits frais de chez Auchan.

Bizarrement, (G. Commence à émettre des bruits très étranges au-dessus de moi, un peu à la manière du cerf lors de sa fameuse période du brame, et je lui dit de la foutre en veilleuse parce que je ne m'entends plus penser), bizarrement donc, je pense à toutes ces conneries les plus dégueulasses et les plus farfelues que je pourrais faire, et bizarrement, à aucun moment mon esprit ne fait mention d'un éventuel emploi... Faut-il en conclure que le travail, ce n'est finalement pas ce que je cherche!?

J'ai peur que G. me claque dans les doigts, il fait des bruits vraiment pas nets.

Je me revois dans la Merco Benz marron de mes parents, avec les fermetures de mes sandales qui s'accrochaient perpétuellement sur la housse des sièges couleur excrément et qui, au fur et à mesure des années, avait fait ressembler la protection de tissus à un vieux slip usé.
Le front gras collé à la vitre à peine baissée, je regardais défiler le paysage en fixant mon regard sur un moucheron préalablement écrasé, le tout sur fond de Mike Brant qui s'égosillait à me dire "Laisse-moi t'aimer".
Les yeux plissés, et à renfort d'une extrême concentration,je reproduisais tout doucement le son du défunt insecte, puis inclinais la tête pour faire éviter au cadavre sec tous les obstacles du bord de la route.

Et alors que G. finit son office, et s'écroule lamentablement sur mon corps amaigri, je trouve enfin l'endroit où je voudrais être juste avant de tirer ma révérence: là, sur cette fenêtre de la vieille Mercedes-Benz, collée, alors que la gamine moche que j'étais me regarde, et tente de me protéger des obstacles de la route...

1 commentaire:

  1. Bravo!! j'adore !!! merci pour ce petit moment d'évasion entre de coup de crayon !!!

    S.

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