jeudi 15 décembre 2011

Tout va Bien, TOUT VA BIEN

Rasée de prêt, mais ça personne, ABSOLUMENT PERSONNE, ne le sait, vous vous déhanchez, à la limite de ce que vous permet l'apesanteur sans vous soucier de vos semelles qui ramassent toutes les saloperies du trottoir.
Le beauf aux cheveux gras qui vous siffle chaque matin et sur qui vous avez juste envie de déverser trois tonnes de purin vous paraît presque sympathique et OUI, aujourd'hui, vous le gratifiez d'un sourire presque sincère.

TOUT VA BIEN.

Arrivée dans votre rad quotidien, le journal est posé sur le zinc, et semble vous dire "prends moi je t'attendais".
Non, aujourd'hui vous n'attendrez pas trois quart d'heure que Enrique grosse moustache finisse de faire les mots fléchés (et les fasse mal en plus), et vous vous plongez directement dans les délicieuses pages brodées de fil d'or des faits divers du parisien...
Le petit enfant mort assassiné de 98 coups de fourchette vous semble méchant et laid, et vous vous dites qu'il a bien mérité ce qui lui arrive; la jeune fille victime d'une tournante à l'air d'une petite trainée et vous êtes, juge suprême, en accord avec la justice primaire de l'homme.
L'incendie d'une usine de feu d'artifice et de confettis qui a ruiné une famille de la Creuse à dû faire un joli spectacle pour les bouseux du village qui n'avaient certainement jamais assisté à quelque chose de spectaculaire, et le clébard qui a bouffé le nourrisson vous semble sur le magnifique cliché de Geneviève Buisson (envoyée spéciale à Vierzon pour couvrir l'évènement) de toute façon mal nourri, donc quitte à bouffer...

Vous refermez le joli torchon, et, le sourire aux lèvres, l'équilibre du monde vous semblant parfaitement respecté, vous vous envoyez votre dose de caféine requise pour le combat de la journée.
Même le café ce matin vous semble doux, un peu comme la pub de Jacques Vabre où la nana, après avoir bu 73 cafés, à l'impression d'être à poil dans un nul part, juste caressée par 4m2 de satin noir.

Bref, TOUT VA BIEN.

Vous payez votre dû à la crèmerie et vous fendez même d'un pourliche. Bah voyons.
Vous retournez défier les lois de l'équilibre avec des talons outrageusement haut qui ne vont pas du tout avec votre tenue, mais que vous trouvez particulièrement bien assortis.
Le bouton de votre braguette qui a sauté faute d'avoir la dignité de foutre un 36 plutôt qu'un 34 ne vous gêne même pas et vous glissez jusqu'au métro, le fessier totalement aplati par ce jean que vous n'avez pas voulu stretch....
La bruine qui bousille votre brushing quasi parfait vous semble douce et chaude, presque tropicale (là vous pensez à une autre pub mais elle est censurée) et pour une fois, non, vous ne passerez pas au dessus du tourniquet métallique de la RATP. Parce qu'aujourd'hui, OUI, vous allez acheter un ticket et avec cela le droit de voyager pénard.

Le son que diffuse votre casque qui vous a couté un demi RSA est à parfait volume et la douce musique qu'il injecte dans vos conduits auditifs finit de vous mettre de bon poil, au point même d'afficher un vilain sourire au milieux des cheveux gras et des odeurs de déodorant de supermarché.

Aujourd'hui, y'a pas à dire, TOUT VA BIEN.

Le talon de votre botte glisse sur un vieux papier de pain au chocolat qu'un connard à jugé bon de jeter par terre. Vous vous dites qu'Eugène Poubelle (1832-1907) a bien fait de se casser les bonbons...
Vous manquez de tomber mais vous vous rattrapez non sans grâce à une petite vieille qui manque, à son tour, de se péter le col du fémur par votre faute, pas grave, l'essentiel, c'est que vous, vous n'ayez rien, la vieille de toute façon d'ici quelques mois...
Les trois changements de métro faits, et qui d'ordinaire vous auraient fait sortir tout un chapelet d'insultes et de vulgarités sur les transports parisiens vous semblent être un voyage excitant et drôle.

Le sourire aux lèvres et de l'électro plus que violente dans les oreilles, vous vous cognez les 83 marches qui vous font remonter à la surface vu que vous êtes sortie à l'unique station de métro dont l'escalator est au moins aussi souvent en panne que les employés de la RATP en grève...
Qu'importe, "un peu de sport n'a jamais fait de mal à personne" bah voyons...
Vous dandinez donc vos deux jarrets jusque sur la chaussée mouillée et glissante et vous vous dites que les 300 mètres qui vous séparent de votre lieu de rendez-vous vont être interminables vu votre idée lumineuse d'avoir mis des échasses par temps de pluie...c'est simple vous avez l'allure générale d'un caniche sur une patinoire...

Qu'importe TOUT, absolument TOUT, va bien...

Non sans mal, mais toujours le sourire aux lèvres, vous arrivez digne, frisée, mouillée, mais digne, j'irai même jusqu'à dire fière,oui, fière,jusqu'à la porte vitrée qui revêt plus de traces de doigts sales que les vitrines de chez Jouets Club.

Pleine de dégout mais le sourire aux lèvres, version béton armé, vous poussez la porte...
Une odeur qui mêle subtilement la sueur et l'eau de javel vous souhaite la bienvenue chez Pôle Emploi...

samedi 29 octobre 2011

Et si......




ET si vous aviez choisi de vous asseoir aux côtés de Nicolas Brisson en CP, plutôt qu'aux côtés de Yann Fayette (qui soit dit en passant, passait des heures entières à se mesurer les parties basses avec son double déci-mètre Maped), vous auriez peut-être su lire le mot vélo plus tôt que les pires cancres de votre classe...peut-être...et auriez, auprès de l'opinion public, été classée comme quelqu'un de "normal"...peut-être...

De là, vous auriez, peut-être, eu un parcours scolaire plus brillant ou plus notable, et une vie.....différente....

Vous auriez, sans doutes, eu des amis populaires au collège, et auriez été de toutes les booms.
Vous y auriez roulé vos premières pelles, découvrant du bout de la langue les bagues métalliques du mec "cool" de votre classe, et poussée par vos amies de l'époque, vous auriez, comble de la "cool attitude", intégré l'équipe de turling-bâton de Joué les tours.
Ainsi, tous les dimanches, pour d'aussi diverses occasions qu'un match de foot ou de rugby, la foire à l'andouillette ou celle à l'oignon, vous auriez pu déambuler dans les rues de votre ville cimetière avec une jupe plissée bien trop courte pour vos cuisses poilues, à lancer et ramasser votre coton-tige géant au nez et à la barbe de tous les membres (masculins) de votre ville.

De là s'en serait suivit un nombre de réactions en chaine incalculable.

Vous auriez dès lors développé un goût plus que douteux pour les matières synthétiques et les couleurs criardes.
Vous auriez mis des pantalons fuseau et auriez fièrement arboré un sweater naf-naf trop grand pour vous mais qui faisait tout le "style" de ces années là.
Avec vos Docs Martens et votre Bombers Schott vous auriez dès l'âge de 12 ans allumé tous les petits branleurs de votre classe, et auriez certainement fait sauter la capsule à 15, si vous aviez été jolie, ce qui n'était pas le cas.

Au lycée, forte de votre expérience, deux possibilités se seraient alors offertes à vous:
-soit motivée par vos expériences de vie, selon vous, bien plus enrichissantes que toutes cette paperasse scolaire, vous auriez peu à peu "décroché" et vous seriez vite orienté vers un bac pro puériculture, parce que, je cite, "vous avez toujours aimé les bébé, vous trouvez ça trop chou";

-soit, redressée par les aléas d'une vie familiale parfois tumultueuse, vous auriez voulu, je cite, "montrer que NAN NAN, vous n'êtes pas complètement stupide", et que l'on peut porter des jupes plus courtes que ses talons, et parvenir à écrire correctement une dissertation.

Bref, disons que l'on optera pour la deuxième solution.
Passé les galipettes et les yeux trop maquillées vous auriez mis trois ou quatre parpaing dans votre boîte crânienne, et vous seriez orientée vers une filière d'avenir (bien loin d'une carrière artistique par exemple....)

Vous seriez donc brillamment devenue vétérinaire, parce que toutes les petites filles stupides veulent devenir vétérinaire, pour "soigner tous les animaux qui souffrent", ou avocate, parce que "c'est dégueulasse que des gens dorment dans la rue".

Durant vos études vous auriez rencontré Alexandre, ou Victor, seriez directement tombés mutuellement amoureux et passionnément comme ça arrive si souvent et si facilement, n'es-ce pas, comme "une évidence"...

Les études finies et les situations établies, parce qu'il est "impensable de pondre un môme sans situation stable", vous seriez devenue mère d'une petite Cassandre, puis deux ans après, parce que "c'est bien qu'il n'aient pas beaucoup de différence", vous auriez pondu Antoine (même prénom que son papy, déjà à moitié enterré), et auriez coulé des jours chiants et heureux dans une maison bourgeoise de la banlieue de Tours.

Seulement vous n'étiez pas assise aux côtés de Nicolas Brisson, et vous avez bien vu Yann Fayette se mesurer la tuyauterie...

Vous avez tout vu, et à partir de ce moment, tout a vacillé.

Au sortir du CP vous arriviez difficilement à lire le mot vélo. Une défaillance qui vaudra à Madame Vergne, votre institutrice, de vous parler comme à une débile mentale durant toute une années scolaire.
Au collège, vous faites un parcours médiocre additionné à une impopularité notoire lié à un physique très très ingrat.
Évidement sans amis, vu votre tronche, vous débarquez au lycée pour y survoler les cours et décrocher miraculeusement un bac qui vous ouvrait alors les prestigieuses porte de la fac d'arts du spectacle de Poitiers, autant dire, d'un cul de sac...

Vous n'avez bien évidement rencontré personne, ni durant vos études, ni après, ou que des cons, vous n'avez pas eu le boulot de vos rêves (vu que vous ne savez même pas quel nom il porte) et la spacieuse maison "mobilier de France" a fait place à un studio "but".
Quant aux enfants, ils sont morts nés, tout comme le reste de vos prétentions professionnelles...

Et si c'était à refaire, vous ne changeriez rien.

mercredi 12 octobre 2011

l'assiette est finie, on arrête de saucer quand il n'y a plus rien....

D'un pas lent, très lent, vous vous dirigez, comme les 543 jours qui ont précédés, vers votre lieu de travail (ou de désintégration au choix).

Vos pompes sont trouées, votre jean noir porte les stigmates d'une nuit enchanteresse d'abus, votre sou-tif (pourquoi en portez vous un d'ailleurs!?)fait se balader sauvagement ses bretelles sur votre dos boutonneux, vos yeux sont un peu rouges et vos cheveux sales et mal rangés, en bref, vous êtes AU TOP pour commencer à travailler dans des conditions optimales.

En six longues heures vont défiler des groupuscules aussi divers que:
le groupe de potes qui partagent un dessert à 12, et partagent l'addition au centime prêt (après tout pourquoi laisser un pourboire!?),
les trois vieux qui vont se liquider quatre bouteilles et finir de se haïr en prenant digestifs sur digestifs,
les deux boudins célibataires, qui n'ont pas dû voir l'ombre d'un pénis depuis plus de six mois,
l'épouse quasi anorexique qui attend son mari en train de finir de sauter sa secrétaire,
les deux teufeurs édentés qui commandent les plats les moins chers pour se coller un peux plus d'alcool dans le cornet,
l'acteur raté qui vient avec son salopard de clébard hargneux,
les trois pétasses qui posent nonchalamment leurs sacs a mains là où bon leur semblent et qui rient à gorge déployée faisant ainsi craqueler leur masque de fond de teint,
ou encore la nana (devrais-je dire le cadavre!?) qui tous les jeudis essaye tant bien que mal de séduire votre collègue alcoolique à grands renforts de croisements et de décroissements de jambons,
le tout sur de vieux tubes bien ringards de Dalida, que personne n'a dû écouter jusqu'à la fin à part ses fans suicidaires...



Vous circuler au milieu de ce grand merdier comme Moïse sur la flotte (ou un truc dans le genre) au ralenti. Vous pointez votre doigt, duquel s'échappent des éclairs de foudre rouge vifs, et faites voler les têtes au petit bonheur la chance, ici un roux, plus loin un nain, tout en hurlant que vous aussi vous "vous voulez mourir sur scène".

Le Jack Russel qui menace de vous bouffer ce qu'il vous reste de chaussure à chacun de votre passage part aussi en sang, la truffe pulvérisée par votre éclair fou et vient s'éclater contre son con de maître qui ne vous emmerdera plus à vous demander pain, fromage, poivre, sel, salade, fourchette propre, couteau cranté...

Vous ne réservez pas sors plus glorieux à votre abruti de supérieur qui n'arrête pas depuis 18 mois de passer derrières vous pour bouger un couteau d'un demi centimètre ou pour vous dire que vous mettez trop de morceaux de pain dans la corbeille.
Tel un messie des temps modernes, vous dressez votre doigt bionique face à sa tronche d'idiot et lancez un éclair, plus puissant encre que les autres, qui vient s'écraser contre son front moite de sueur et le transforme en macaroni géant...

Pas de doutes, il est vraiment temps de vous tirer de cet endroit diabolique...
J-15...et ensuite...plus rien...ou peut être tout...

vendredi 5 août 2011

A bout de Souffle.

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En crachant ce qu'il vous reste de capacité pulmonaire sur trois bougies, tout en dégustant avec un sourire forcé la tarte aux fruits de saison achetée 6 euros 95 au Leclerc du coin (d'ailleurs impossible d'identifier les baies vissées sur la crème déjà rance), en remerciant les convives de vous faire bouffer un truc que vous n'aimez pas et en faisant semblant d'être heureuse de faire le deuil d'une année supplémentaire, votre esprit, très certainement titillé par le Paul Rémy que vous vous envoyez depuis trois heures de l'après midi (il est maintenant 23h30), s'évade, ou plutôt se noie, vers d'obscures contrées...

Vous serrez les fesses tout en espérant qu'il n'y aura pas, à l'image de la tarte, le cadeau qui va avec.
Vous vous imaginez déjà la main tâtant un paquet bariolé pour en extraire un porte clef Marsupilami, ou un bon d'achat Yves Rocher, un fond de teint H&M, un maillot de bain à rayures (vous détestez les maillots de bain à rayures), un livre que vous avez déjà avalé, une boite de chocolats que vous ne mangerez jamais, un disque de Cradle Of Filth, ou encore une veste en laine polaire, des boucles d'oreille en plastique rose, des minis barrettes aux couleurs de l'arc en ciel, une bougie au bois de santal, une montre en chocolat (oui oui, déjà reçu à noël 2010), une écharpe en acrylique, j'en passe et des meilleures...
Mais vous avez beau attendre, jusqu'à avoir le temps de bouffer toute votre part de gâteau (c'est dire s'il s'en est passé du temps...), rien ne vient, et vous vous sentez tout à coup soulagée. Non, vous n'aurez pas, comme vous le faites depuis 29 ans, à remercier pour quelque chose que vous ne vouliez pas...
Il n'y aura pas de cadeau raté, jeté, dès votre retour à la maison, sous le lit et retrouvé plusieurs années après en état de décomposition avancé, et c'est pour cela que vous savez que vous êtes ici à votre place.

A l'heure où toutes vos copines de lycée ferment les yeux pour retenir leur larmes en espérant désespérément que la semence de leur mec (commercial dans une société de photocopieuses au bord du dépôt de bilan) vienne féconder un dernier ovule qui traînait par là pour faire, je cite, "un petit frère à Ophélie", parce que, je cite, "il est HORS de question d'en faire une fille unique", vous, vous en êtes à souhaiter que cette parenthèse enchantée entre non travail, projets absurdes et aventures sexuelles extraordinaires ne finisse jamais.

A l'heure où celles qui ont fumé leurs premières clopes avec vous, en sont à ne pas dormir, excitées par le prêt contracté chez Cofidis pour acheter une maison Phoenix qui tombera aussi vite en lambeau que leur couple, vous, vous en êtes à vous demander comment vous allez pouvoir magouiller pour pouvoir remplir votre frigo de bouteilles de vin hors de prix et de crèmes contre l'acné (non non, je ne plaisante pas!).



Et même si votre grand-mère, aujourd'hui décédée, ne cesse de vous siffler dans l'oreille de trouver un travail, une situation, et tout le bordel qui va avec, vous restez persuadée que vous êtes en train de fêter de la plus belle manière qui soit vos 29 ans... en refusant tout en bloc...

lundi 20 juin 2011

Réflexion.

Tandis que les 110 kilos de barbaque de G. (je tairais son nom pour le bien de sa petite amie)s'active sur ma petite carcasse,il me vient une idée saugrenue.
Sans doute parce que mon grand père vient de décéder d'un cancer du rectum, je me demande quelle serait ma priorité si je venais à mourir là tout de suite, étouffée par ce colosse maladroit...

Ma première idée, bien sûre, serait d'aller me taper un festin chez Paul Bocuse, claquer trois bouteilles de Veuve Clicquot et finir par pisser sur les banquettes d'époque tapissées de toile de Jouy, en faisant des bras d'honneur aux trois gendarmes débarqués pour l'occasion. Me faire menotter, puis transporter dans le panier à salade, pour entendre rugir la sirène de mon chef d'œuvre et achever la soirée dans une toute petite cellule de dégrisement que je partagerais avec une bande de hooligans surexcités...je vous laisse imaginer la suite...

En même temps, je mets également une option sur le saut en parachute nudiste, ou sur le tir à la carabine sur chats. Sur la bataille dans un champs d'ortie (toujours à poil il en vas de soi!), et sur l'attentat au rayon yaourts et produits frais de chez Auchan.

Bizarrement, (G. Commence à émettre des bruits très étranges au-dessus de moi, un peu à la manière du cerf lors de sa fameuse période du brame, et je lui dit de la foutre en veilleuse parce que je ne m'entends plus penser), bizarrement donc, je pense à toutes ces conneries les plus dégueulasses et les plus farfelues que je pourrais faire, et bizarrement, à aucun moment mon esprit ne fait mention d'un éventuel emploi... Faut-il en conclure que le travail, ce n'est finalement pas ce que je cherche!?

J'ai peur que G. me claque dans les doigts, il fait des bruits vraiment pas nets.

Je me revois dans la Merco Benz marron de mes parents, avec les fermetures de mes sandales qui s'accrochaient perpétuellement sur la housse des sièges couleur excrément et qui, au fur et à mesure des années, avait fait ressembler la protection de tissus à un vieux slip usé.
Le front gras collé à la vitre à peine baissée, je regardais défiler le paysage en fixant mon regard sur un moucheron préalablement écrasé, le tout sur fond de Mike Brant qui s'égosillait à me dire "Laisse-moi t'aimer".
Les yeux plissés, et à renfort d'une extrême concentration,je reproduisais tout doucement le son du défunt insecte, puis inclinais la tête pour faire éviter au cadavre sec tous les obstacles du bord de la route.

Et alors que G. finit son office, et s'écroule lamentablement sur mon corps amaigri, je trouve enfin l'endroit où je voudrais être juste avant de tirer ma révérence: là, sur cette fenêtre de la vieille Mercedes-Benz, collée, alors que la gamine moche que j'étais me regarde, et tente de me protéger des obstacles de la route...

mercredi 1 juin 2011

Sogni d'Oro.

Je suis désormais riche, riche à crever.

Je sors à peine de chez Chloé où j'ai claqué trois plaques à acheter des sacs aux couleurs criardes qui ne vont avec rien.
Je tourne à droite sur le boulevard et entre nonchalamment chez Kooples où je crache mon chewing-gum "Hollywood" sur le col satin d'une veste à quatre chiffres.

Je rigole, m'allume une clope ultra fine et ultra longue, et l'écrase sur la moquette Philippe Starck avec ma bottine en caoutchouc Burberry en m'excusant avec un faux accent anglais à la Jane Birkin "que je n'avais pas vu LE pancarte avec LE cigarette rayé dessus".
J'essuie mes mains collante de glace "Amorino" sur les pulls cachemire, tout en souriant à la vendeuse anorexique qui ne trouve rien de mieux que de me proposer un café "Nespresso", que je refuse, bien évidement.

Je fais le tour de la boutique, rien ne me plaît, donc tout est moche, mais achète une paire de chaussettes à 50 balles, juste histoire de ne pas partir les mains vides.

A peine sortie, je m'allume une nouvelle clope. En fait je suis encore dans la boutique, en train de payer avec ma carte platinium que je galère à sortir de son étui Louis Vuitton.
J'insulte tout ce qui se trouve sur mon passage et la plante verte derrière la caisse continue de me sourire niaisement.
Je suis sûre qu'elle s'est fait refaire le pif dans la même clinique que moi, la garce.

Je me dirige vers l'énorme baie vitrée qui sert de porte. MERDE, je crois avoir perdu mon Blackberry. Je sors mon I Phone 4 de mon vieux sac Marc Jacob collector qui a déjà deux mois, pour faire sonner mon autre portable, le tout en m'insultant à haute voix de "FUCKING CONNE" au beau milieu du magasin, juste avant de sentir l'appareil vibrer dans la poche arrière de mon jean Armani trop serré dans lequel je fais semblant d'être super à l'aise.

Je sors satisfaite de l'impression "très cosmopolite" que j'ai livré dans la boutique. Épuisée de mon après midi, de m'écroule à l'Escargot où je vais boire coupe sur coupe en attendant mes "SUPERS" copines avec qui je parlerai fesse et mode avant de remettre nos fourrures sous un soleil plombant pour aller snober la queue de chez Lip.

Tout en saluant par leur prénoms la moitié des serveurs et en snobant l'autre moitié, (tous ceux qui m'ont tour a tour sauté les soirs de beuverie ou de solitude) je colle mes cuisses décharnées sur la banquette de cuir usée.
Je commande une bouteille de vin. Je gueule que je veux du rouge et pointe sur la carte usée le seul flacon dont je n'arrive pas à lire le prix.
En jouant les expertes,je suis pathétique, je hurle au sommelier (qui lui aussi m'a baisé) que la bouteille a intérêt à être à la hauteur de mon palais brulé par mes 60 clopes journalières.

La carte en main, j'hésite entre le filet de thon blanc et le hareng pomme de terre, mais à l'idée de manger quelque chose, la dizaine de coupes que j'ai dans la gueule me menace de remonter à la surface.
Je me lève chancelante sur mes Louboutin, et sautille jusqu'aux toilettes où ce qui devait arriver arrive.
Je pose un joli renard pas plus loin que dans le lavabo et ce devant un con qui me regarde comme s'il n'avait jamais rien vu de tel...Incroyable...
Je tente de me redresser, mais rien à faire, je tangue plus que sur la calipso, et
ma tête retourne vers son crachoir improvisé, puis plus rien...

Rideau, ou plutôt réveil.
Je suis la bourre.
Rien ne change, ou presque...

mercredi 18 mai 2011

Charli.

Bon,
inutile de vous dire que les trois mois écoulés à ne pas parler de votre situation, ne vous ont pas Franchement aidés à devenir quelqu'un d'autre.

Résultat des courses, bah, vous en êtes à plus de 400 jours de service.
Si l'on compte que vous servez en moyenne 70 assiettes de pâtes par service, qui pèsent en moyenne 400grammes, cela veut dire que vous avez passé votre année à trimballer pas moins de 11 200 kilos de pâtes à bout de bras...
BravO, vous pouvez être fière de vous, à ça oui!
ClaP, Clap, Clap de l'assemblée, tout le monde se lève, et vous êtes à poil devant eux!



Bref, autant dire que vous n'avez strictement rien foutu de votre année, à part sourire bêtement à des blagues salaces, en espérant un pourboire alourdi, trainer vos doigts dans les restes de sauce tomate du bord des assiettes sales, abîmer vos godasses préférées camouflées derrière un tablier "rouge Quick" et investir dans des crèmes pour l'acné afin d'enrayer des irruptions de boutons liées à une alimentation, soit disant, trop riche...

Le coup de grâce arrivant quand une grande conne décide de vous gâcher votre pinte de fin de boulot à vous souler avec des questions digne de Tournez Manège...vous entendez déjà, en fond sonore, le piano endiablé de Charli Oleg...







Heureusement, l'alcool est là pour adoucir les mœurs, vos mœurs, et plutôt que de vous fatiguer à vouloir la gifler, vous lever le bras, vers le serveur, qui, pour le coup, vous apparaît, après la quatrième pinte, comme l'homme parfait. Et ce malgré sa calvitie annoncée et son goût curieux pour l'association joggings/chaussures de ville de piètre qualité.
Le sourire triste mais la voix sûre, vous lui demandez, je vous cite, "un petit truc fort" avec une mine de conspiratrice.
Le serveur reviens avec un "kamikaze".

Vous n'aimez pas la vodka, mais faites mine que c'est exactement ce que vous vouliez, qu'il a, comme par magie, lu dans vos pensées quelques peu brouillées.
Vous le buvez, et manquez de le recracher aussitôt sur la greluche qui est toujours en face de vous à vous poser des questions de plus en plus philosophiques.
Qu'importe, désormais vous vous moquez d'elle comme de tous les autres.
Vous n'avez aucune réponse à lui fournir, à elle comme au reste du monde, et, pour toute réplique, vous lui adressez un sourire niais (qui dissimule une vilaine éructation).
Elle continue de parler, mais vous ne l'entendez plus, Charli Oleg joue au fond de votre crâne, et ça vous fait sourire...

samedi 8 janvier 2011

LA triste vérité...Plom plOm pLOM


Vous êtes désormais et officiellement Serveuse.

Excusez moi du peu, mais si au bout de plus de 379 jours d'activité dans un domaine, celui-ci ne devient pas votre "activité professionnelle principale", c'est que vous devez avoir un léger problème au niveau des connexions neurologiques.

Donc, vous êtes serveuse (certes à durée déterminée, mais serveuse quand-même), à tel point que toute la rue, le matin, vous salue en tant que "la petite serveuse", et ce sans même que vous n'ayez à arborer honteusement votre tablier rouge sanguinolent (qui, entre parenthèses, n'a pas, tout comme son prédécesseur, le tablier noir, encore vu, en six mois de bons et loyaux services, la couleur d'une machine à laver).

Vous êtes (une sale) serveuse, et peu a peu au grès des gueules de bois que vous faites passer à grandes rasades de thé vert à la menthe Lipton, vous ne pouvez que vous confronter à la salope de réalité.
Non, ce n'est pas ce soir que vous allez sauver le monde et devenir la prochaine Tina Turner, mais pire, il se pourrait bien, vu la conjoncture, que le futur soit bien moins brillant que celui que s'était imaginé l'enfant de 8ans qui réside en vous...

Plus violente qu'un crash test de poussette, vous fuyez à grandes enjambées cette évidence et laisser votre cerveau inutilisé errer dans des sphères troubles...




Dès lors, loin de vous imaginer dans une carrière mirobolante, vous vous faites une joie de vous créer des professions improbables, dans lesquelles, vous en êtes convaincue, vous pourriez exceller...





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