samedi 29 octobre 2011

Et si......




ET si vous aviez choisi de vous asseoir aux côtés de Nicolas Brisson en CP, plutôt qu'aux côtés de Yann Fayette (qui soit dit en passant, passait des heures entières à se mesurer les parties basses avec son double déci-mètre Maped), vous auriez peut-être su lire le mot vélo plus tôt que les pires cancres de votre classe...peut-être...et auriez, auprès de l'opinion public, été classée comme quelqu'un de "normal"...peut-être...

De là, vous auriez, peut-être, eu un parcours scolaire plus brillant ou plus notable, et une vie.....différente....

Vous auriez, sans doutes, eu des amis populaires au collège, et auriez été de toutes les booms.
Vous y auriez roulé vos premières pelles, découvrant du bout de la langue les bagues métalliques du mec "cool" de votre classe, et poussée par vos amies de l'époque, vous auriez, comble de la "cool attitude", intégré l'équipe de turling-bâton de Joué les tours.
Ainsi, tous les dimanches, pour d'aussi diverses occasions qu'un match de foot ou de rugby, la foire à l'andouillette ou celle à l'oignon, vous auriez pu déambuler dans les rues de votre ville cimetière avec une jupe plissée bien trop courte pour vos cuisses poilues, à lancer et ramasser votre coton-tige géant au nez et à la barbe de tous les membres (masculins) de votre ville.

De là s'en serait suivit un nombre de réactions en chaine incalculable.

Vous auriez dès lors développé un goût plus que douteux pour les matières synthétiques et les couleurs criardes.
Vous auriez mis des pantalons fuseau et auriez fièrement arboré un sweater naf-naf trop grand pour vous mais qui faisait tout le "style" de ces années là.
Avec vos Docs Martens et votre Bombers Schott vous auriez dès l'âge de 12 ans allumé tous les petits branleurs de votre classe, et auriez certainement fait sauter la capsule à 15, si vous aviez été jolie, ce qui n'était pas le cas.

Au lycée, forte de votre expérience, deux possibilités se seraient alors offertes à vous:
-soit motivée par vos expériences de vie, selon vous, bien plus enrichissantes que toutes cette paperasse scolaire, vous auriez peu à peu "décroché" et vous seriez vite orienté vers un bac pro puériculture, parce que, je cite, "vous avez toujours aimé les bébé, vous trouvez ça trop chou";

-soit, redressée par les aléas d'une vie familiale parfois tumultueuse, vous auriez voulu, je cite, "montrer que NAN NAN, vous n'êtes pas complètement stupide", et que l'on peut porter des jupes plus courtes que ses talons, et parvenir à écrire correctement une dissertation.

Bref, disons que l'on optera pour la deuxième solution.
Passé les galipettes et les yeux trop maquillées vous auriez mis trois ou quatre parpaing dans votre boîte crânienne, et vous seriez orientée vers une filière d'avenir (bien loin d'une carrière artistique par exemple....)

Vous seriez donc brillamment devenue vétérinaire, parce que toutes les petites filles stupides veulent devenir vétérinaire, pour "soigner tous les animaux qui souffrent", ou avocate, parce que "c'est dégueulasse que des gens dorment dans la rue".

Durant vos études vous auriez rencontré Alexandre, ou Victor, seriez directement tombés mutuellement amoureux et passionnément comme ça arrive si souvent et si facilement, n'es-ce pas, comme "une évidence"...

Les études finies et les situations établies, parce qu'il est "impensable de pondre un môme sans situation stable", vous seriez devenue mère d'une petite Cassandre, puis deux ans après, parce que "c'est bien qu'il n'aient pas beaucoup de différence", vous auriez pondu Antoine (même prénom que son papy, déjà à moitié enterré), et auriez coulé des jours chiants et heureux dans une maison bourgeoise de la banlieue de Tours.

Seulement vous n'étiez pas assise aux côtés de Nicolas Brisson, et vous avez bien vu Yann Fayette se mesurer la tuyauterie...

Vous avez tout vu, et à partir de ce moment, tout a vacillé.

Au sortir du CP vous arriviez difficilement à lire le mot vélo. Une défaillance qui vaudra à Madame Vergne, votre institutrice, de vous parler comme à une débile mentale durant toute une années scolaire.
Au collège, vous faites un parcours médiocre additionné à une impopularité notoire lié à un physique très très ingrat.
Évidement sans amis, vu votre tronche, vous débarquez au lycée pour y survoler les cours et décrocher miraculeusement un bac qui vous ouvrait alors les prestigieuses porte de la fac d'arts du spectacle de Poitiers, autant dire, d'un cul de sac...

Vous n'avez bien évidement rencontré personne, ni durant vos études, ni après, ou que des cons, vous n'avez pas eu le boulot de vos rêves (vu que vous ne savez même pas quel nom il porte) et la spacieuse maison "mobilier de France" a fait place à un studio "but".
Quant aux enfants, ils sont morts nés, tout comme le reste de vos prétentions professionnelles...

Et si c'était à refaire, vous ne changeriez rien.

mercredi 12 octobre 2011

l'assiette est finie, on arrête de saucer quand il n'y a plus rien....

D'un pas lent, très lent, vous vous dirigez, comme les 543 jours qui ont précédés, vers votre lieu de travail (ou de désintégration au choix).

Vos pompes sont trouées, votre jean noir porte les stigmates d'une nuit enchanteresse d'abus, votre sou-tif (pourquoi en portez vous un d'ailleurs!?)fait se balader sauvagement ses bretelles sur votre dos boutonneux, vos yeux sont un peu rouges et vos cheveux sales et mal rangés, en bref, vous êtes AU TOP pour commencer à travailler dans des conditions optimales.

En six longues heures vont défiler des groupuscules aussi divers que:
le groupe de potes qui partagent un dessert à 12, et partagent l'addition au centime prêt (après tout pourquoi laisser un pourboire!?),
les trois vieux qui vont se liquider quatre bouteilles et finir de se haïr en prenant digestifs sur digestifs,
les deux boudins célibataires, qui n'ont pas dû voir l'ombre d'un pénis depuis plus de six mois,
l'épouse quasi anorexique qui attend son mari en train de finir de sauter sa secrétaire,
les deux teufeurs édentés qui commandent les plats les moins chers pour se coller un peux plus d'alcool dans le cornet,
l'acteur raté qui vient avec son salopard de clébard hargneux,
les trois pétasses qui posent nonchalamment leurs sacs a mains là où bon leur semblent et qui rient à gorge déployée faisant ainsi craqueler leur masque de fond de teint,
ou encore la nana (devrais-je dire le cadavre!?) qui tous les jeudis essaye tant bien que mal de séduire votre collègue alcoolique à grands renforts de croisements et de décroissements de jambons,
le tout sur de vieux tubes bien ringards de Dalida, que personne n'a dû écouter jusqu'à la fin à part ses fans suicidaires...



Vous circuler au milieu de ce grand merdier comme Moïse sur la flotte (ou un truc dans le genre) au ralenti. Vous pointez votre doigt, duquel s'échappent des éclairs de foudre rouge vifs, et faites voler les têtes au petit bonheur la chance, ici un roux, plus loin un nain, tout en hurlant que vous aussi vous "vous voulez mourir sur scène".

Le Jack Russel qui menace de vous bouffer ce qu'il vous reste de chaussure à chacun de votre passage part aussi en sang, la truffe pulvérisée par votre éclair fou et vient s'éclater contre son con de maître qui ne vous emmerdera plus à vous demander pain, fromage, poivre, sel, salade, fourchette propre, couteau cranté...

Vous ne réservez pas sors plus glorieux à votre abruti de supérieur qui n'arrête pas depuis 18 mois de passer derrières vous pour bouger un couteau d'un demi centimètre ou pour vous dire que vous mettez trop de morceaux de pain dans la corbeille.
Tel un messie des temps modernes, vous dressez votre doigt bionique face à sa tronche d'idiot et lancez un éclair, plus puissant encre que les autres, qui vient s'écraser contre son front moite de sueur et le transforme en macaroni géant...

Pas de doutes, il est vraiment temps de vous tirer de cet endroit diabolique...
J-15...et ensuite...plus rien...ou peut être tout...