vendredi 5 août 2011

A bout de Souffle.

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En crachant ce qu'il vous reste de capacité pulmonaire sur trois bougies, tout en dégustant avec un sourire forcé la tarte aux fruits de saison achetée 6 euros 95 au Leclerc du coin (d'ailleurs impossible d'identifier les baies vissées sur la crème déjà rance), en remerciant les convives de vous faire bouffer un truc que vous n'aimez pas et en faisant semblant d'être heureuse de faire le deuil d'une année supplémentaire, votre esprit, très certainement titillé par le Paul Rémy que vous vous envoyez depuis trois heures de l'après midi (il est maintenant 23h30), s'évade, ou plutôt se noie, vers d'obscures contrées...

Vous serrez les fesses tout en espérant qu'il n'y aura pas, à l'image de la tarte, le cadeau qui va avec.
Vous vous imaginez déjà la main tâtant un paquet bariolé pour en extraire un porte clef Marsupilami, ou un bon d'achat Yves Rocher, un fond de teint H&M, un maillot de bain à rayures (vous détestez les maillots de bain à rayures), un livre que vous avez déjà avalé, une boite de chocolats que vous ne mangerez jamais, un disque de Cradle Of Filth, ou encore une veste en laine polaire, des boucles d'oreille en plastique rose, des minis barrettes aux couleurs de l'arc en ciel, une bougie au bois de santal, une montre en chocolat (oui oui, déjà reçu à noël 2010), une écharpe en acrylique, j'en passe et des meilleures...
Mais vous avez beau attendre, jusqu'à avoir le temps de bouffer toute votre part de gâteau (c'est dire s'il s'en est passé du temps...), rien ne vient, et vous vous sentez tout à coup soulagée. Non, vous n'aurez pas, comme vous le faites depuis 29 ans, à remercier pour quelque chose que vous ne vouliez pas...
Il n'y aura pas de cadeau raté, jeté, dès votre retour à la maison, sous le lit et retrouvé plusieurs années après en état de décomposition avancé, et c'est pour cela que vous savez que vous êtes ici à votre place.

A l'heure où toutes vos copines de lycée ferment les yeux pour retenir leur larmes en espérant désespérément que la semence de leur mec (commercial dans une société de photocopieuses au bord du dépôt de bilan) vienne féconder un dernier ovule qui traînait par là pour faire, je cite, "un petit frère à Ophélie", parce que, je cite, "il est HORS de question d'en faire une fille unique", vous, vous en êtes à souhaiter que cette parenthèse enchantée entre non travail, projets absurdes et aventures sexuelles extraordinaires ne finisse jamais.

A l'heure où celles qui ont fumé leurs premières clopes avec vous, en sont à ne pas dormir, excitées par le prêt contracté chez Cofidis pour acheter une maison Phoenix qui tombera aussi vite en lambeau que leur couple, vous, vous en êtes à vous demander comment vous allez pouvoir magouiller pour pouvoir remplir votre frigo de bouteilles de vin hors de prix et de crèmes contre l'acné (non non, je ne plaisante pas!).



Et même si votre grand-mère, aujourd'hui décédée, ne cesse de vous siffler dans l'oreille de trouver un travail, une situation, et tout le bordel qui va avec, vous restez persuadée que vous êtes en train de fêter de la plus belle manière qui soit vos 29 ans... en refusant tout en bloc...

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